La lettre d’achatpublic.info n°518

  • 31/10/2014
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La nuit, noire d'encre, est tombée. Sorcières aux chapeaux pointus, fantômes errants et vampires blafards sont prêts à franchir les brumes du royaume des morts pour venir hanter celui des vivants. Il est temps de claquer les volets et de fermer les portes à double tour. Tic tac, tic tac, tic tac, l'aiguille de l'horloge, dont le profil effilé et pointu, finit lui-même par apparaître menaçant en cette nuit d'halloween, se hâte lentement… Tic, tac, tic, tac, tic, toc, Toc, TOc, TOC. Enfer et damnation. Je perçois une ombre menaçante et le son étouffé de pas lourds et inconnus derrière la porte. TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! Le roulement devient incessant, entêtant, un mugissement, un rugissement, qui ne peut prendre fin qu'en ouvrant la porte, ce styx protecteur. « Le guide », tonne une voix caverneuse sortie des entrailles de la terre. Le guide ? Mais quel guide ?! « Le guide pour faciliter l'accès à la commande publique de la ville de Lyon, répond un Frankestein affreusement verdâtre et verminé. Celui qui propose de simplifier la tâche des entreprises, de les aider à répondre et à gagner des marchés » (lire notre article), gronde-t-il. Et aussi l'autre guide, celui sur l'achat de produits et services de sécurité » (lire notre info). A peine ai-je tendu les documents d'une main tremblotante que, derrière l'immensité de son ombre pétrifiante, se détachent deux canines carmines, acérées, un visage laiteux et parcheminé, percé de deux prunelles noires et brillantes. « La proposisssssion », susurre l'horrible Nosferatu d'une voix froide et chevrotante. « Euh, la, lalala proposition, oui, oui, bien sûr, vous voulez parler de celle de M. Dacosta ? », j'ose dire. « C'est exact, succulente amie, me chuchote-t-il dangereusement au creux de l'oreille, tandis que je regrette amèrement de ne pas avoir d'ail sous la main. Il paraît que le non moins appétissant rapporteur public aurait validé le fait de demander aux candidats, au stade des offres, les autorisations préfectorales d'exploitation des centres de traitement et que les notes attribuées aux sous-critères peuvent être données au titre de l'article 83 du CMP », reprend-il sûr de lui (lire notre article). Ses ongles gris et pointus se sont-ils à peine emparés avidement du texte que, oh non, c'est pas possible, une troisième créature se dresse sur le seuil de ma porte. « Je veux le grimoire de Mesdames Cantat et Robert », me crache une sorcière haineuse en avançant ses doigts crochus. Je veux connaître leurs recettes pour réussir l'exécution administrative et financière des marchés publics (lire notre invité de la semaine). « Oui bien sûr, bien sûr, évidemment, je vous le donne tout de suite, et si vous vous voulez, je vous laisse aussi le RC du département du Bas-Rhin qui utilise la limitation du nombre de lots à un même candidat (lire notre article). La potion marche du feu de Dieu. Oh pardon, je veux dire, marche du tonnerre. » Voilà, j'ai tout donné pour cette semaine, le cauchemar peut-il enfin s'arrêter ? La réponse est non. Car les draps flottants d'un fantôme s'avancent vers moi maintenant. « Moi je voudrais bien l'ordonnance sur les marchés publics et les contrats de partenariat », souffle-t-il. « Ah, là, c'est pas possible, lui rétorqué-je en prenant mon courage à deux mains. J'ai rien en stock, allez plutôt taper à la porte de la DAJ. » Et hop, je claque la mienne, dans un grand mouvement sonore. Non mais !...
Sandrine Dyckmans