Edito 588

  • 29/04/2016
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En dépit des superproductions dispendieuses qui inondent nos cinémas, les Batman, Superman et consorts peuvent aller se rhabiller, avec leurs biceps siliconés, leurs grotesques tenues hyper moulantes, slip par-dessus le collant, et leurs capes saugrenues et incommodes qui doivent se coincer sans arrêt dans les portes d’ascenseur ou les portillons d’accès des métros. Car le véritable super héros de l’année, c’est Wonder Acheteur. C’est tellement vrai que l’université de Pau veut à tout prix étudier ses pratiques et ses performances (lire notre article). A ses côtés, les pouvoirs surnaturels des Quatre Fantastiques ou la force herculéenne et verdâtre de Hulk font pâle figure. D’abord, quand on lui cherche des noises - par exemple laisser entendre qu’il a commis un manquement à ses obligations parce qu’il a retenu un candidat dont l’objet social l’empêche d’exécuter le marché -  il ne se planque pas derrière un bouclier trempé dans du kevlar comme Captain America, et part à la castagne devant le juge administratif (lire notre article). Sa phénoménale capacité à digérer la refonte de la réglementation, notamment le nouveau régime applicable aux marchés à bon de commande (lire le commentaire), à endosser des responsabilités supplémentaires, à l’image de la définition des modalités de publicité et de mise en concurrence des marchés juridiques (lire notre article), et à continuer malgré tout de passer des marchés de maîtrise d’œuvre toujours aussi polémiques (lire notre invité du jeudi), bref sa résistance à la douleur transforme Silver Surfer en douillet-fragile prêt à se réfugier dans les jupes de sa mère au moindre bobo. Quand on est capable de confier un marché de nettoyage d’abribus à un groupement d’EA-ESAT (lire notre article), ou d’imaginer une méthode d’analyse des offres variables qui limite ce type d’offres à certains lots d’une consultation en fonction d’un domaine d’activité, tout en interdisant les offres croisées et en obligeant quand même les entreprises à remettre les offres individualisées (lire notre article), la pyrokinésie, la régénération cellulaire automatique, la manipulation mentale, la métamorphose moléculaire, la force kryptonienne ou les facultés d’acrobate de Daredevil sont reléguées au rang de gadgets de seconde zone.  Bon allez, il est grand temps de boucler cet édito que certains trouveront « marveleux », et d’autres plutôt « comic ». A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot