Edito 592
Même quand il n’a plus de pétrole et de stations services ouvertes à dix lieues à la ronde, l’acheteur public français n’est jamais en pénurie d’idées. Au Perreux-sur-Marne, Michel Dehan, le responsable des achats, qui n’a pas le baril dans les chaussettes, concentre son énergie à dépenser mieux avec moins (lire notre article). Encore faut-il que l’imagination débridée soit licite. A ce sujet, l’avocat Thomas Forray met en garde les praticiens alléchés par la fameuse clause Molière consistant à exiger que les personnels affectés à l’exécution d’un marché soient capables de comprendre et de parler la langue de Corneille. Un tel dispositif, plutôt raffiné comme on a coutume de dire à Port-Jérôme et à Fos-sur-Mer, n’est pas à recopier brut de décoffrage dans tous ses marchés, spécialement quand l’objectif affiché est de promouvoir l’emploi local et de lutter contre les travailleurs détachés (lire le commentaire). S'il on en croit son rapport annuel, le Conseil d’Etat n’a pas souffert d’un gros coup de pompe, malgré une baisse des contentieux marchés (lire notre article). D’ailleurs, il vient de juger que le BP (U) de l’entreprise attributaire d’un marché dans le secteur des assurances n’est pas communicable (lire notre article). Et il pourrait être saisi d’un recours contre l’article 15 du décret de mars permettant sous 25 000 euros de ne pas conclure de marché par écrit. La législation de 1971 sur la profession d’avocat amendée par la loi Macron interdit, par essence, de recourir à un avocat sans une convention préalable, alerte Me Sébastien Palmier (lire notre invité du jeudi). Comme le « fuel démat » carbure difficilement, le gouvernement, qui n’a pas encore fait le plein d’arrêtés (lire notre info), prépare deux décrets dont la teneur incitera les personnes publiques à utiliser le MPS par défaut (lire notre article). Bon allez, l’inspiration frise la panne sèche alors je mets un point final à cet édito un peu bidon, avec toutefois un pincement au cœur, une petite larme naissante au coin de l’oeil. Car un frère d’armes, le beau Jack, le Lucien Jeunesse de la commande publique, au verbe haut et à l’œil pétillant - surtout en fin de repas -, rend son tablier. Après une ultime représentation au Club marchés du Salon des maires, il remisera toutes ses fiches et éteindra son micro, histoire de jouir pleinement d’une retraite bien méritée. Je lui fais une confiance totale (et pas esso) : comment ne pas faire la foire, quand on s’appelle Lahalle ? A la semaine prochaine, peut-être.
Jean-Marc Binot
Jean-Marc Binot
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