Le macaron "Crit'ère" brut ou demi-sec

  • 17/01/2017
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Comme l’aimait à la répéter un humoriste en salopette que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, « c’est nouveau, ça vient de sortir ». Je n’évoque pas ici le 2ème recours de l'avocat Franck Perez qui, après avoir eu la peau du seuil de 20 000 euros il y a sept ans, remet le couvert contre le seuil de 25 000 (lire notre invité du jeudi), mais plutôt le fameux « Crit’ère», macaron de la qualité de la sélection des offres, qu’il faut que chaque acheteur récupère fissa - pour la modique somme de 3,70 euros, sans compter l’acheminement postal - et colle derechef sur son triporteur (ou tricycle) de fonction, au-dessus du catadioptre réglementaire. Document sécurisé, il est délivré à partir des gains obtenus (en coût global), mais aussi en fonction de l’attractivité des marchés, du nombre d’infructueux et de contentieux. Sont pris en compte les  cahiers des charges mal ficelés, les exigences superfétatoires dans le dossier de candidature, les dispositifs « usine à gaz », les clauses alambiquées comme le critère d’additionnalité énergétique (lire notre article), les pénalités inconsidérées ou rebutantes comme celles infligées aux entreprises attributaires d’accords-cadres qui ne répondent pas aux subséquents (lire notre article), etc. Vous l’aurez compris, le « Crit’ère » atteste de la classe de performance du service marché qui pompe - plus ou moins - l’air du soumissionnaire, entraînant « une augmentation de la prévalence des maladies respiratoires et cardio-vasculaires », notamment chez les patrons de PME. Comment ça fonctionne ? Les pouvoirs publics ont prévu six catégories, de cinq à zéro. Désignés à la vindicte populaire, les acheteurs étiquetés classe 5 (couleur bleu tristos) et 4 (couleur prune pourrie) n’oseront sans doute plus sortir de chez eux. On ne sait pas encore si les personnes publiques qui, en MAPA, se contentent d’informer le candidat du rejet de son offre et attendent un peu avant de signer le marché pour fermer la porte du référé contractuel, pourront bénéficier de la classe 3 (couleur orange bayrou) ou 2 (couleur jaune urine frelatée). Le Conseil d’Etat étudie le sujet (lire notre article). Tout comme UniHA, acheteur responsable grâce à son premier marché réservé (lire notre article), le groupe hospitalier du Havre ne devrait pas avoir trop de mal à obtenir un macaron classe 1 (violet éclatant) avec la reprise en régie de sa cafétéria. Après une année et demie d’activité, les résultats sont au rendez-vous : la marge est supérieure à la redevance perçue en DSP et la qualité de service accrue pour le personnel, les patients et les accompagnants (lire notre article). Un pouvoir adjudicateur pourra-t-il s’enorgueillir du macaron vert «  « zéro émanation nocive pour les candidats », that is the question. Bon allez, c’est la chute de cet édito, dédicacé à une collègue sédentaire à deux titres (elle comprendra). A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot