Retour sur terre

  • 02/06/2017
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Il faut bien l’avouer, avoir la tête dans les étoiles doit être grisant. Et se laisser flotter, en état d’apesanteur, bercé par les sempiternels discours angéliques sur la nécessaire transparence de la commande publique, peut confiner à une sorte de béatitude complètement déconnectée du réel. La rentrée dans l’atmosphère provoque d’ailleurs toujours un choc. Démunis de bouclier thermique, les soumissionnaires auront du mal à comprendre pourquoi les acheteurs peuvent parapher à la vitesse de la lumière un MAPA de travaux jusqu’à 5,225 millions d’euros sans se soucier du moindre stand still, fût-il d’une poignée de jours, les privant ainsi d’un éventuel recours précontractuel. Le juge a beau dire que rien dans la Constitution, ni dans le Traité de l’Union n’impose de respecter un délai entre notification et signature du contrat, le patron de la petite boîte qui aura eu l’impression de se faire blouser conservera le sentiment que la planète des marchés publics reste, par certains côtés, un univers bien nébuleux (lire notre article). D’autant que Smirgeomes, toujours en orbite, continue de faire son malheur. Le Conseil d’Etat a encore reconnu l’irrégularité d’une méthode de notation, mais comme il a estimé, dans le même temps, que l’entreprise n’avait pas été lésée, le recours a fini en débris spatial (lire notre article). Le constat est identique au sujet des sempiternels serments sur l’impérieuse nécessité de simplifier les candidatures. Entre les paroles et les actes subsiste toujours un écart proche de la distance entre la Terre et la Lune. Le gouvernement vient d’annoncer, fin mai, que le nombre de MPS publiés avait atteint la barre des 25 000. Sauf qu’il s’agit du chiffre cumulé depuis 2014, et que les autorités espéraient franchir le cap des 50 000 l’année dernière... On nous bassine aussi les oreilles sur les nouvelles relations qu’il faudrait nouer avec les fournisseurs. Mais combien d’acheteurs suivent l’exemple de Marc Sauvage, le nouveau patron des achats de la région Ile-de-France, convaincu de faire des économies en demandant aux opérateurs ce qui leur coûte de l’argent (lire notre article). Bon allez, je dois couper la communication, Houston me dit qu’on a un problème avec le ballon-parachute de la capsule. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot