Risky business
C’est reparti comme en Quatorze. Baïonnette au canon, drapeau déployé. A mon coup de sifflet, tout le monde sort de la tranchée et monte sur le parapet. Chargez ! Commissaire chargée du marché intérieur, Elzbieta Bienkowka a expliqué, lors d’une conférence OCDE le 2 juin dernier, qu’elle escomptait que les acheteurs publics fassent preuve du courage et prennent des risques. Outil majeur des politiques publiques, la commande publique doit être, vu de Bruxelles, le fer de lance du développement durable et de l’innovation (lire notre article). La commissaire a mis en avant que les nécessités de la transparence ne devaient pas paralyser les professionnels et transformer un appel d’offres en parcours du combattant pour les entreprises. Or dans le secteur public - et pas seulement en France -, on est plutôt ceinture et bretelles, casque lourd et gilet pare-balles. Car personne n’a vraiment envie de finir comme l’acheteur inconnu dont la tombe n’est même pas fleurie chaque 11 novembre. Avant de se lancer à l’assaut et atteindre ses objectifs, le soldat Lachat aura donc tout intérêt à s’assurer qu’il disposera d’un appui solide côté de sa hiérarchie et de ses patrons politiques, histoire d’éviter toute opération kamikaze. D’autant que la conduite d’une mise en concurrence ressemble parfois à un champ de mines. Rattrapée par une patrouille du Conseil d’Etat, une concession de restauration scolaire vient d’être pulvérisée et requalifiée en marché public : le délégataire ne supportait pas de risque lié à l’exploitation du service (lire notre article). De même les appels d’offres pour lesquels le pouvoir adjudicateur demande aux candidats des références similaires c’est-à-dire des références de prestations relatives à l’exécution de marchés publics de même nature, ont toutes les chances de finir au champ d’honneur, prévient Me Lapisardi (lire notre article). Sans oublier l’exécution avec l’admission, décision qui vaut attestation de service fait et constitue le point de départ des délais de garantie et phase clé d’un marché de fournitures courantes et services (lire notre article). Bon allez, il est temps de vous (dé)laisser. Comme on le chantait à Craonne : Adieu la vie, adieu l’amour/Adieu toutes les femmes/C’est bien fini, c’est pour toujours/De cette guerre infâme/C’est pour un MAPA, un AOO/Qu’on a risqué sa peau. A la semaine prochaine, peut-être.
Jean-Marc Binot
Jean-Marc Binot
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