Le malade imaginaire ?

  • 19/10/2017
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Ça gratouille plus que ça chatouille. Stéthoscope et tensiomètre à la main, la Cour des comptes a pris le pouls de l’achat hospitalier (25 milliards d’euros) en examinant de très près l’état de santé d’une petite trentaine d’établissements. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la rue Cambon a particulièrement soigné son rapport. « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent ! », estimait le docteur Knock. Le bilan des palpations a assurément de quoi vous dézinguer la flore intestinale, vous filer des palpitations, la constipation, des troubles essentiels de la circulation intracérébrale et, dans le meilleur des cas, vous rendre hypocondriaque. La liste des pathologies ne tiendrait pas dans une armoire à pharmacie. La fonction achat est encore éclatée et mal reconnue, le rôle des différents acteurs du processus (environ 5000 agents) insuffisamment définis. L’étude éreinte aussi une offre mutualisée « foisonnante et non maîtrisée », s’interroge sur la réalité des gains annoncés et s’inquiète de certaines pratiques dans la passation et l’exécution des procédures de marché « porteuses de risques d’atteintes graves à la concurrence et à la probité. »  Sont également critiqués les modalités de création des GHT qui « se traduisent par un démembrement de la fonction achat entre la passation des marchés, qui relève de la responsabilité de l’établissement support, et leur exécution, qui reste de la compétence des établissements membres. » Même s’il reconnaît l’intérêt des prescriptions de la Cour des comptes, Dominique Legouge, patron du RESAH, relativise pourtant la gravité du mal : nos hôpitaux ont fait des efforts méritoires et n’ont pas à rougir de la comparaison par rapport à ce qui se pratique à l’étranger (lire notre article). Bon allez, merci d’avoir été patient jusqu’au terme de cet édito enfiévré. Comme le disait Jules Romains, parfois un peu gaulois, « la santé est un état précaire qui ne laisse présager rien de bon.» A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot