Plus belle la commande publique, saison 5, épisode 3

  • 01/03/2018
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Emmitouflée dans sa houppelande, une chapka sur la tête et des mitaines aux mains, Candy d’Atture, gestionnaire marchés à la direction des achats du département de Vésubie-Inférieure, secoue désespérément la souris de son ordinateur frappé d’engourdissement. « Pas la peine de taper dessus, le système de ton PC doit être freeze. Remarque, vu que le thermomètre affiche à peine 10° dans le bureau, c’est limite normal », ricane Adhémar Chaidetravot, le visage partiellement caché par un passe-montagne, en train d’alimenter le brasero du service avec des emballages cartonnés récupérés à la cantine. « Génial ! Et comment je fais maintenant pour mettre à jour les 425 modèles de RC sur l’intranet avant le 1er octobre prochain ? Je vais prévenir de suite la chef, je n’y arriverai pas. Tant pis s’il y a des contentieux parce que nos DCE continueront d’accepter les réponses papier (lire notre article). Je ne pourrai pas non plus boucler la clause de réexamen prévue pour l’appel d’offres d’entretien des collèges. De toute façon, la direction de l’éducation était plutôt frileuse à l’idée d’accepter une augmentation du coût de 200% (lire notre article) », répond la jeune attachée, réfrigérée par la remarque de son collègue. « Et tout ça pourquoi ma chère ? Parce qu’il fallait absolument qu’on atteigne l’objectif de 2% d’achat innovant. Quelle idée d’avoir fait confiance, avec ce temps sibérien, à cette start-up syldavo-podlache et à son système de chauffage par rayonnement infra-rouge ! Tu parles qu’elle était révolutionnaire sa solution. On est les premiers à l’expérimenter », déplore l’acheteur cagoulé. Survient Gaël Andikoi-Ladéaji, étudiant à la faculté de droit, en train d’accomplir son stage de fin de cursus et de rédiger un mémoire sur la confidentialité des offres (lire notre article).  « On ne peut plus aller au petit coin, l’eau des sanitaires a gelé », avertit, grelottant, l’universitaire. Bon allez, je vous abandonne pour aller à ma séance hebdomadaire de cryothérapie. Comme vous le savez, le froid ça conserve. A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot