Psychose

  • 19/07/2018
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Passer un marché, c’est vraiment parfois une horreur. A reléguer Les vierges de Satan de Terence Fisher ou L’Exorciste de William Friedkin - rien qu’à entendre la musique du film, pourtant vos poils se redressent -  dans la même catégorie que Oui-Oui au grelot ridicule ou du benêt Winnie l’ourson. Si vous pensiez ingénument qu’il suffisait de respecter le cadre minimum fixé par les textes pour le délai de remise des offres, voire même d’ajouter quelques jours pour faire bonne figure, autant vous jeter dans les griffes de Freddy Krueger ou garder le bébé de Rosemarie ce week-end. C’est un massacre à la tronçonneuse garanti sur facture. Le Conseil d’Etat vient en effet d’estimer qu’il fallait que le temps nécessaire aux opérateurs économiques pour préparer leurs candidatures et leurs offres soit manifestement adapté à la complexité du marché (lire notre article). Sauf que le tableau de concordance n’est pas fourni avec le mode d’emploi. Du genre achat de cannes à la pêche télescopiques avec système de rembobinage à l’électricité solaire : 36 jours, ou prestation de traduction français-vénusien et anglais-martien : 42 jours. La moindre somnolence d’un acheteur peut déboucher sur l’épouvante. Ainsi le chiffrage de manière identique en HT et TTC par un candidat, non relevé par le pouvoir adjudicateur, a entraîné un vrai pataquès qui est remonté jusqu’au Palais Royal (lire notre article). Et le recensement des besoins, au caractère parfois sournois, est tout à fait capable de vous procurer plus de frissons qu’un serial killer psychopathe squattant votre salle de bains (lire notre article). Quant au Frankenstein de la commande publique - j’ai nommé le partenariat d’innovation -  il fout la trouille à plus d’un. Jetant sa peur aux orties, la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette, petite collectivité péri-urbaine à la frontière avec le Luxembourg (environ 28 000 habitants) a relevé le défi, ajoutant même à son CCAP une annexe de treize pages entièrement consacrée aux droits de propriété intellectuelle (lire notre article). Bon allez, c’est la dernière ligne de cet édito angoissant. Je vous laisse, je vais passer le week-end à la ferme, le silence des agneaux, c’est reposant.  A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot