Coup de griffe sur la dématérialisation de la commande publique

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"Le journalisme, c'est le contact et la distance"
Hubert Beuve-Méry



Un journaliste, c’est assez proche d’un chat. Indépendant, mais aussi demandeur et exigeant.
C’est dans sa nature. 
Surtout, s’il y a une chose qui l’agace prodigieusement, c’est une porte fermée… Vous êtes priés de toujours la lui laisser ouverte, au cas où l’idée lui venait d’aller faire un tour.
C’est une question de principe.
 

"Save the date"

Sur les réseaux sociaux, la Direction des affaires juridiques de Bercy (DAJ), la Direction des achats de l’Etat (DAE) et l’Agence financière pour l’informatique de l’Etat (AIFE) ont envoyé un "Save the date" (en bon français, une invitation) pour « une après-midi d’échanges sur la dématérialisation de la commande publique». Un événement alléchant, jugez-en : «Acheteurs publics, dématérialisation, simplifions la commande publique ! »
 
En grattant un peu, il y a vraiment de quoi ronronner de plaisir, pour la rédaction d’achatpublic.info : « La dématérialisation des marchés publics supérieurs à 40 000 € HT est obligatoire, ainsi que le précise le code de la commande publique entré en vigueur en 2019. Deux ans après, le ministère de l'Economie, des Finances et de la Relance organise un moment d'échanges avec les acheteurs publics sur les avancées et les perspectives en matière de dématérialisation. »
 

Portes closes

D’un bond, nous voulons nous y inscrire, à ce "moment d’échanges". Et là … porte close !
« Cet évènement est une demi-journée de travail sur la TNCP (Transformation numérique de la commande publique) uniquement avec des acheteurs publics. » nous oppose-t-on. Bigre !
Plus encore : « Il s'agit d'ateliers de travail ». Diantre !

Quelques jours plus tard, une autre manifestation, ayant aussi pour objet le PNTCP (Plan national de transformation de la commande publique, alimenté, rappelons-le, par des fonds publics). Et là : « La réunion de cet après-midi est un atelier technique organisé par l’AIFE à destination des éditeurs à des fins opérationnelles». Mais très gentillement, on nous renvoie vers le site officiel : "Bienvenue sur le site de la Transformation numérique de la commande publique !" Fichtre !

La transformation numérique de la commande publique, réservée à un public averti, mais choisi ? Saperlipopette !


Sapristi ! Quelle erreur grossière aurions-nous donc commis, en considérant, et depuis longtemps, que la dématérialisation de la commande publique pouvait concerner au premier chef tous nos lecteurs (relire "Transformation numérique de la commande publique : le Gouvernement annonce opter pour l’interopérabilité " - "Dématérialisation de la commande publique : les petites communes dans l’impasse ?" - "Dématérialisation : l'’AIFE au rapport 2020" - "Accès digital à la commande publique : une enquête réunionnaise" etc...) ?
 

Ni pour, ni contre... bien au contraire ! 

La dématérialisation de la commande publique, la rédaction d’achatpublic.info n’est ni pour, ni contre. C’est un fait professionnel, qu’il convient de suivre et d’analyser sous le prisme des acheteurs publics. Sa mission, c’est de porter à connaissance des professionnels les avancées (relire "Le secteur public tend lui aussi vers l’"achat augmenté") comme des difficultés (lire "Facturation électronique : « illectronisme » de certaines PME face à ChorusPro") que rencontre l'avancée inexorable de la dématérialisation.

Que cela "plaide" en sa faveur (relire "De l’archivage des documents de marchés publics à leur dématérialisation : un second guide" et "Facturation électronique : moins de charge administrative et plus de transparence pour les entreprises") ou bien qu'il s'agisse d'en signaler les nécessaires corrections et ajustements (relire "Réception dématérialisée, mais tardive, des offres: à qui la faute ?" - "Dématérialisation des marchés publics supérieurs à 40 K€" - "Dématérialisation des paiements : Chorus en ligne de mire" - "Dématérialisation de la commande publique : les petites communes dans l’impasse ?").
 

Equilibre

En fait, tout est question d’équilibre. Par exemple, on peut très bien "suivre" le Gouvernement lorsqu’il vante les avancées de l’achat public durable (relire "[Interview] Olivia Grégoire : "L’acheteur public sait que ses choix ont un impact sur son environnement" et "[Interview] Olivia Grégoire : " L'ambition est forte, mais les acheteurs publics sont prêts"). Mais aussi signaler les "aspérités" et autres "irritants" que les acheteurs publics décèlent à la pratique ou dans le principe (lire "Loi "Climat et résilience" : une mise sous tutelle des acheteurs publics ?" et relire "Il ne faut pas que la mise en place d’une clause environnementale devienne un « casse-tête » pour l’acheteur " et "Une clause environnementale obligatoire ? C’est risqué, de vouloir inscrire une pétition de principe dans le code ").
 

Drôle de drame

Mais alors, que nous disent ses portes fermées ? Que s’est-il dit, ce lundi 22 novembre, tout au long de cette "assemblée professionnelle publique… fermée à la presse professionnelle " ? Et au cours de cet autre atelier technique du 25 novembre ? Il y a pas si longtemps, pourtant, ces ateliers étaient ouverts (relire "Le Dume simplifié fait son show à Bercy"). 

Bizarre .... « Moi, j'ai dit "bizarre "?, comme c'est bizarre !» (Louis Jouvet - Drôle de drame).
Le mystère, les "cachettes" et autres recoins à découvrir… cela ne fait qu’attirer le chat !