Edito 617

  • 06/01/2017
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Plus belle la commande publique. Saison 4, épisode 1

Au 2ème étage de l’aile B de la mairie de Pichade-sur-Mer, fief ad vitam du pôle marchés, c’est un défilé ininterrompu depuis plusieurs jours. Comme tous les ans, les fournisseurs viennent présenter leurs vœux, les bras chargés de petits cadeaux. Une vraie ribambelle de rois mages. « On peut même plus bosser. Faut faire le ménage, on a trop de prestataires. Vivement qu’on fasse un référentiel comme à Nantes Habitat (lire notre article) », geint Marc Benche, le spécialiste du parangonnage, en train d’étudier le système utilisé par Saint-Louis de la Réunion pour diminuer ses délais de passation (lire notre article), la démarche de professionnalisation de Décines (lire notre article) ainsi que les gains énormes (81%) en matière de fourniture de potage obtenus par le CH de Valence en utilisant toutes les ficelles du métier (lire notre article) : « bravo, les collègues, on en a soupé des critiques sur notre pseudo valeur ajoutée ». Passant entre les bureaux, un représentant en fournitures de bureau offre à tour de bras ses gadgets frivoles, de l’analyseur de masse corporelle au mini-bilboquet, acceptés par tous à l’exception d’Anne-Marie Layat-Tolat Du Caude, juriste inflexible et (forcément) rigide du col : « vos étrennes de pacotille, vous pouvez vous les garder. Je n’accepte rien venant d’un opérateur économique, encore moins d’un titulaire de marché.  Et je devrais conseiller à mes collègues de se documenter sur les conflits d’intérêts après la journée d’études de l’Observatoire de la SMACL (lire notre article). » « Saperlotte, z’allez pas me faire un frometon faisandé avec un ôte-agrafes en plastique à 0,32 centimes hors taxes ! Et le calendrier 2017 de l’entreprise Lucas Naille épinglé au mur, vous l’avez p’têt trouvé dans une pochette surprise ? Si vous le prenez sur c’ton, parlons plutôt de ma créance de 2012, toujours pas réglée et que vous imaginez prescrite dans votre p’tite caboche. Z’êtes pas la seule à lire les décisions du Conseil d’Etat, vous savez… (lire l’article) ». Survient Gaspard Pain, gros entrepreneur BTP bien connu dans la région, une clef USB logotypée à la main. « On en a déjà ! Votre principal concurrent, Tony Truand, est venu en distribuer hier », le prévient René Gaussy, un des « vieux » de la direction. « Ce sont surtout toutes mes factures de la semaine. Comme je ne suis pas certain que votre système de transmission électronique fonctionne, j’ai pris la précaution de les scanner pour être en règle avec la loi (lire notre article). De toute façon, un portail russe, moi je ne suis pas très chaud », lui répond le bétonneur.  Bon allez, il est grand temps  de vous souhaiter le meilleur pour l’année 2017.  Je claque la bise à une collègue qui a la chance d’habiter au pays basque mais qui n’affectionne pas le ballon ovale. Comme quoi, nul n’est parfait. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot