(La La) Mapa Land

  • 03/03/2017
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Coincé en plein cagnard depuis près d’une heure dans un embouteillage sur la rocade extérieure qui le mène à son bureau, Jean-Aymar Desmapas, responsable des achats de la mairie de Pichade-sur-Mer, broie du noir jusqu’au moment où la radio diffuse « Un autre jour de soleil »,  petite mélodie du bonheur, un swing mâtiné de samba, très Michel Legrand. Une joie sans nom l’irradie soudain. Il pianote les notes sur son tableau de bord, avant de s’extirper de sa Twingo rouge d’occasion - la seule auto que puisse lui permettre son salaire de jeune attaché -  de monter sur le capot et de barytonner à tue-tête : « Ce n’est pas encore l’été, mais il fait déjà très beau/Grâce à la matrice de maturité, je peux jauger si mon service est pro (lire notre article). Depuis que je connais le départ de la suspension d’une signature de contrat en référé précontractuel/je retrouve des ailes, la vie redevient belle  (lire notre article) ». Deux voitures plus loin, sa collègue Heidi Rektiv, demoiselle native de Rochefort, vêtue d’une robe printanière jaune et légère, commence à faire des claquettes sur le bitume, en chantant : « Finie d’être hystérique, plus de danger d’avoir la colique/ les transferts de compétences ne sont pas des marchés publics (lire notre article). Ce n’est pas encore l’été, mais j’ai envie de m’éclater/C’est top, Bruxelles réfléchit déjà à de nouveaux outils marchés (lire notre article). » Alors que les deux acheteurs s’enlacent et démarrent un ballet tourbillonnant façon Ginger et Fred, la porte arrière d’un poids lourd s’ouvre brusquement, laissant apparaître un orchestre au rythme endiablé (oui, je sais c’est improbable). Les cuivres et les percussions s’en donnent alors à cœur joie et tous les autres conducteurs se mettent à danser. « Olivier Ortega nous a prévenus : pour les propriétés publiques, la mise en concurrence devient obligatoire (lire notre article). Peu importe, pour nous ce n’est pas la mer à boire. Car ce n’est pas encore l’été, mais nous, on aime passer des marchés », reprennent en chœur les automobilistes en levant les bras au ciel. Bon allez, fin de cet édito très jazzy qui n’a pas fait, comme d’habitude, dans la Demy mesure. De toute façon, vous connaissez la chanson. A la semaine prochaine, peut-être.

Jean-Marc Binot