En Albanie, "Diella", ministre virtuel chargé de la commande publique

  • 12/09/2025

Commande publique - Albanie – IAG - A vrai dire, la rédaction a d’abord cru à un gag. Puis elle s’est dit que peut être, en Albanie, le 1er avril tombe le 11 septembre..  Mais vérifications faites, pas du tout !  Comme nous l’indiquent nos confrères de France Info (lire "L'Albanie nomme une ministre IA chargée des marchés publics") le Premier ministre albanais Edi Rama annonce bien "nommer" un ministre virtuel ("Diella", présentée en costume traditionnel albanais) au sein de son  gouvernement, chargé de la commande publique.
 

"Briser les préjugés, les peurs et la rigidité de l'administration"

Ce ministre d’Etat, créé grâce à l'intelligence artificielle, bénéficiera du soutien d'une structure dédiée à l'adoption de l'intelligence artificielle dans les processus de gouvernance, ainsi que d'un mandat spécifique pour « briser les barrières des préjugés, des peurs et, plus généralement, la rigidité de l'administration, et influencer le rythme des processus de gouvernance aussi fortement que possible ».
"Diella" prendra donc toutes les décisions relatives aux appels d'offres des marchés publics, a expliqué Edi Rama, précisant que ces derniers seront en conséquence  « exempts de corruption à 100% » , « Diella sera le fonctionnaire des marchés publics que nous souhaitons transférer à l'intelligence artificielle, faisant ainsi de l'Albanie un pays où les appels d'offres publics sont 100 % incorruptibles et où chaque financement soumis à appel d'offres est 100 % lisible », a souligné Rama.

Selon le chef du gouvernement albanais : « Ce n'est pas de la science-fiction, c'est l'une des missions de Diella. Son mandat ne connaîtra aucune limite géographique ni nationale, et ses structures d'appui seront autorisées à employer ici ou à recruter des talents du monde entier. »
 

Vraiment drôle ?

A l’heure où en France, Sébastien Lecornu réfléchit à la composition de son gouvernement, cette "nouvelle" peut faire sourire. Mais elle amène aussi à réfléchir sur la place de l’IA dans la commande publique.
D’une part, cette révolution ne cesse d’interroger les acheteurs, qui tantôt s’en réjouissent, tantôt la redoutent… ou encore restent dubitatifs (relire  "[Interview] - Laurent Dutertre : «L’IA n’est pas prête de remplacer l’acheteur»" - "L’utilisation de l’IAG dans la sélection des offres : des zones de réticence" - "Plus d’achats avec l’intelligence artificielle : une synergie entre l’acheteur et l’IA" "[Tribune] Angélique Dizier : "Songe au pays de l’intelligence artificielle"" - "[Tribune] L’intelligence artificielle dans les achats publics : rupture subie ou virage maîtrisé ?").

D'autre part, poussons jusqu’au bout ( et avec exagération)  : ce "super chabot ", s’il se révélait autre chose qu’un  coup de communication, présenterait l’avantage de la simplicité et de l’unité, à l’heure ou la commission d’enquête sénatoriale sur la commande publique s’est émue de la dilution des responsabilités dans la commande publique (relire "[Interview] Simon Uzenat: «67 propositions pour éviter la sortie de route de la commande publique»"). :
«Aujourd'hui, on constate l'enchevêtrement des responsabilités et des engagements. Cela nuit complètement à l'efficacité de l'action publique.
Prenons l’exemple emblématique du rapport entre la Direction des achats de l'État (DAE) et la Direction des affaires juridiques (DAJ). Ce que l’on nous présente, c’est une DAE pilote ; mais en réalité, elle ne pilote de pas grand-chose, ne serait-ce qu’en considérant les actions de la Dinum. Quant à la DAJ, on nous dit que sa mission est le conseil juridique ; sauf que, dans le cadre de la révision des directives Marchés à l'échelle de l'Union Européenne, c'est elle qui représente la France ! On voit bien qu'il y a cette manière de faire complètement bancale !»

La recommandation n°5 du rapport porte sur la création d' un comité interministériel de l’achat public, instance de concertation sur la commande publique rassemblant l’État, les hôpitaux, les collectivités territoriales et l’ensemble des acteurs soumis au droit de la commande publique. 



Mais avouons que là,... un ministre commande publique virtuel.. c’est assez radical !

 
JMJ