L’APECA se démène pour démocratiser la carte

  • 05/01/2008
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L'Association des professionnels européens de la carte d'achat (APECA) fait feu de tout bois pour promouvoir le déploiement de l'outil dans le secteur public. Organisatrice de colloques et de formations, elle a lancé en décembre les premiers trophées de la carte achat et sortira au cours du 1er trimestre un cahier chargé de « dédramatiser » son usage, notamment dans les petites collectivités.

« Une facilité essentielle, un outil incontournable » selon Jean-Pierre Buthion, du groupement des cartes bancaires. « La carte d'achat, tout le monde a à y gagner, l'acheteur, le financier, le fournisseur... C'est un outil moderne, sécurisé et facile » dixit Hervé Horiot, membre de la mission achats du ministère de la Défense. Les qualificatifs élogieux ont beau continuer de fleurir, la carte d'achat peine toujours à émerger en France, alors que les premières expériences pilotes ont démarré en 2001, et que le cadre réglementaire existe depuis 2004. La faute sans doute à l'embouteillage calendaire que les réformes successives du Code ont provoqué. Déjà bien occupé par cette réglementation évolutive et la jurisprudence mouvante et décalée, les marchés qu'il s'agit de passer et qui s'accumulent au quotidien, sans oublier la dématérialisation et le développement durable, l'acheteur public ne s'est pas précipité sur le nouveau veau d'or. D'autant que l'Etat, pourtant à l'origine du projet, n'a pas sorti le grand jeu pour évangéliser et convaincre les masses. Il est même étonnant d'entendre les interventions du Président de la République ou du secrétaire d'Etat Hervé Novelli sur les délais de paiement, sans qu'à aucun moment la carte d'achat, qui permet pourtant de régler le fournisseur en quelques jours, ne soit évoquée.

Les nombreuses actions de l'APECA

Le reproche le plus fréquemment évoqué est l'absence d'information. Le sondage réalisé par notre journal avec Visa Europe cet été n'a fait que confirmer le déficit : 61% des personnes qui ont répondu au questionnaire avouent ainsi connaître très peu ou absolument pas les principes de fonctionnement et les avantages de la carte d'achat (1). Ajoutons à cela l'hostilité de certains comptables ou leur interprétation divergente des textes, et la résistance au changement qui est tout sauf un mythe. Les « combats d'arrière-garde » d'administrations qui ont les « pied sur le frein » n'ont rien fait pour que le succès soit franchement au rendez-vous. En attendant une hypothétique campagne de communication orchestrée par Bercy, ou un discours mobilisateur d'un ministre, l'Association des professionnels européens de la carte d'achat (APECA), née en 2003, se démène pour assurer la publicité de l'outil. Organisatrice d'Etats généraux, d'une conférence annuelle, des premiers trophées de la carte d'achat remis en décembre dernier, elle propose des cycles de formation, une assistance juridique, une base documentaire, et depuis peu des modules d'aide à la décision et d'assistance au démarrage d'un pilote (4000 euros). L'APECA édite également une lettre d'information, des fiches pratiques, des notes de synthèse et une série de « cahiers » pédagogiques. Après trois numéros consacrés à la carte d'achat facteur d'optimisation des processus, à sa mise en place et à l'appropriation par les fournisseurs, l'association publiera sous peu un 4e numéro, concocté par sa commission service public laquelle rassemble acheteurs publics, prestataires spécialisés et opérateurs financiers.

Dédramatiser un projet de carte achat

Le but est avant tout de « dédramatiser ». « Les collectivités publiques ont un peu peur de se lancer, soit parce que cela leur paraît compliqué, soit parce qu'ils ne savent pas exactement ce qu'elles veulent », estime Estelle Cordier, membre de la commission et expert de la mission achats marchés de la ville de Paris, « alors que cela peut être un tout petit projet très simple, avec une seule carte, sans avoir besoin de cartographier ses processus, remodeler son organisation ». Résultat de dix-huit mois de travail, le futur cahier aborde aussi l'autre dimension, avec un déploiement plus important des cartes, qui implique remise à plat du process achat et comptable. « C'est un outil concret, insiste Estelle Cordier, il ne s'agit pas n'expliquer ce qu'est la carte, mais de donner des méthodes et des outils ». Après avoir défini les objectifs, que veut-on faire exactement ?, le document revient sur les différentes phases d'un programme, et pose les fondations du cahier des charges. « Le copier-coller n'est pas forcément la bonne réponse. On liste les questions qu'il faut se poser avant de commencer à rédiger. » Il aborde également les points clefs de réussite, comme la mise au point d'indicateurs de performance, l'affiliation des fournisseurs, sujet important que l'acheteur a tendance à confier à la banque sans trop s'impliquer, sans oublier la conduite du changement. « Les projets qui ont capoté ont souffert d'une mauvaise conduite du changement. On ne règle pas ce problème en deux réunions. Dans le secteur public, la stratégie de rupture passe difficilement ». Prévue au cours du premier trimestre 2008, la sortie du cahier, qui sera téléchargeable gratuitement sur le site de l'APECA (2), donnera l'occasion à l'association d'organiser une manifestation qui sera aussi l'opportunité de tirer un coup de chapeau aux lauréats des 1ers trophées de la carte d'achat (3).

(1) La carte d'achat à la recherche d'un second souffle
www.achatpublic.com/news/2007/10/1/AchatPublicBreveALaUne.2007-10-01.0545/view

(2) Pour en savoir plus : www.association-apeca.org
Pour contacter Solange Ligeret, secrétaire générale de l'association : sligeret@association-apeca.org

(3) Le CNRS et la société Quintin récompensés aux 1ers trophées carte achat de l'APECA
www.achatpublic.com/news/2007/12/2/AchatPublicBreveFilAPC.2007-12-07.3713/view