Cahiers des charges de maintenance : les communes peuvent mieux faire

  • 02/01/2006
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Si l’achat d’équipements est relativement simple et bien défini par les communes, il n’en est pas de même pour les marchés de maintenance. Le principal problème tient à la mauvaise définition du mot maintenance qui n’a pas les mêmes implications d’une collectivité à une autre. Dans ce secteur très hétérogène, il y a à boire et à manger en matière de qualité de services. Les professionnels souhaitent que les collectivités fassent plus d’effort pour définir précisément ce qu’elles recherchent et comparer ainsi ce qui est comparable.Avec la sortie des deux décrets fixant les obligations réglementaires des fabricants et des propriétaires d’équipements pour assurer la fiabilité et la sécurité des aires de jeux, et de normes européennes, l’achat de ce type de matériel s’est considérablement simplifié. De fait, tous les fournisseurs se doivent de proposer des produits certifiés. Les collectivités n’ont donc pas à focaliser leur attention sur la qualité du matériel proposé. Vincent Schaller, président de la section aires de jeux de la FIFAS (Fédération française des industries du sport), et directeur général de JMS, une grosse entreprises de fabrication d’aires de jeu, le confirme : il n’y a pas grand-chose à redire à propos de la rédaction des cahiers des charges pour l’achat des équipements ludiques proprement dit. Le fabricant souligne néanmoins la nécessité d’adapter la conception d’un jeu à la réalité des besoins d’une commune : « les collectivités doivent réfléchir à la mission de l’aire de jeux dans l’espace public. Elles doivent savoir pourquoi elles en font. Car une aire de jeux qui n’est pas comprise par les utilisateurs sera peu ou mal exploitée », prévient le spécialiste. Les choses se corsent dès lors qu’il s’agit d’acheter une prestation de pose et/ou maintenance des équipements… Pose et entretien des équipements : un secteur très hétérogèneCe secteur est, depuis la publication des décrets, en pleine explosion. Et pour cause, la réglementation en vigueur exige trois niveaux de contrôle : tout d’abord un contrôle visuel de routine, c’est-à-dire le passage régulier d’agents communaux pour vérifier la propreté du lieu et repérer les dégradations éventuelles ; Un contrôle fonctionnel ensuite d’une fréquence d’un à trois mois. Un contrôle annuel principal, enfin, qui implique la révision complète de l’équipement. Ce contrôle doit être effectué par une personne dotée de compétences très pointues car la mise à plat de l’intégrité structurelle d’un jeu nécessite de faire une étude poussée (il faut vérifier la résistance mécanique des jeux, les risques de coincement de tête, etc). Qui se charge de la maintenance des équipements ? Dans ce domaine, on trouve les situations les plus diverses : « certaines entreprises posent elles-mêmes les aires de jeux qu’elle réalisent, d’autres font appel à des sous-traitants. La pose et surtout la maintenance peuvent être réalisées par des sociétés de service spécialisées. Mais il arrive aussi que les propres agents d’une commune s’en chargent », explique Catherine Trachtenberg, la présidente de la FIFAS. Les besoins des communes en la matière et leur formulation, dans le cadre d’un marché, reflète la situation : on trouve de tout et les demandes sont parfois loin d’être claires, selon Gilles Noé, président de la SAGES (service aires de jeux et sols souples de sécurité). Définition calamiteuse de la maintenance Le nœud gordien du problème tient à la définition même du mot maintenance : « cette définition est très variable d’une collectivité à l’autre et la rédaction du cahier des charges s’en ressent », indique-t-il. Malheureusement, ce flou ouvre la porte des marchés publics à des sociétés peu sérieuses. Et Gilles Noé de citer quelques grandes entreprises de services, spécialisées dans la propreté et l’hygiène, qui se sont immiscées dans ce secteur et pour lesquelles la maintenance des aires de jeux, « ça se résume à ratisser le sable passer le karscher !». La mauvaise formulation des besoins touche autant les petites que les grandes villes… Paris, pour ne citer qu’elle, ne fait pas mieux que les autres en la matière, selon Gilles Noé. Elle a lancé un appel d’offres ouvert pour la maintenance de toutes ses aires de jeux installées dans les écoles, les crèches et les squares, ce qui correspond à l’entretien d’environ 1000 sites. Le marché prévoit de retenir deux sociétés qui se partageront les 20 arrondissements de la capitale. S’agissant de ce marché juteux, le responsable de la société SAGES avoue ne rien comprendre au cahier des charge : « les besoins sont mal définis et il y a fort à parier que les offres seront incomparables. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent à part s’acheter un parapluie contre tout risque potentiel d’accident », déplore-t-il.Savoir où l’on met les piedsL’entreprise de Gilles Noé a parfois perdu des marchés, lancés en procédure formalisée, en raison d’une définition calamiteuse des besoins. Toutefois, ajoute le prestataire, « nous avons regagné la plupart des marchés perdus lors de leur renouvellement car les communes se sont bien rendues compte qu’en passant chez un concurrent moins disant, elles n’avaient pas le même niveau de prestation ». Ce dernier insiste sur la nécessité de définir précisément la prestation recherchée : « il faut que les collectivités interrogent les entreprises du secteur pour savoir ce qu’elles proposent vraiment, qu’elles saisissent qu’on ne vend pas tous la même chose et qu’elles sachent où elles mettent les pieds », argue-t-il. « Il ne s’agit pas de vendre un package. Une prestation dépend évidemment des moyens de la collectivité et de la fréquentation des aires de jeux. Un même jeu placé à Sarcelles, dans les cités où les enfants sont nombreux, ou rue de Passy, ne va pas subir les mêmes contraintes ». Le plus petit contrat de la société SAGES concerne la maintenance, à raison d’une fois par an, des jeux d’une minuscule commune. Son plus gros marché concerne le parc de la Villette qui a la particularité de n’avoir aucun jeu standard. Le contrat de maintenance des équipements, conçus par des architectes, nécessite la présence d’une personne à plein temps tous les jours, huit heures durant pour la somme de 100 000 euros annuels hors fournitures.Sandrine Dyckmans © achatpublic.com, le 02/01/2006