Les MAPA et les 3 devis dans le collimateur des prestataires

  • 02/01/2006
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Le code des marchés publics désole Gilles Noé, président d’une société de services pour l’entretien des aires de jeux. Pour ce professionnel, la pratique des trois devis alourdit inutilement le travail des fournisseurs et des acheteurs et fait gonfler les prix. Quant aux MAPA, leurs effets seraient contraires aux objectifs recherchés : ils profiteraient surtout aux grosses entreprises et pas aux PME. Ce n’est pas vraiment une surprise… Les fournisseurs d’aires de jeux, comme d’autres professionnels, n’apprécient guère les dispositions liées aux marchés à procédure adaptée (MAPA). Gilles Noé, président de Sages, une société qui propose des services de pose, réparation et maintenance des aires de jeux, en fait partie. Dans sa ligne de mire : les trois devis et les MAPA: « la règle des trois devis, c’est une pratique qui alourdit notre travail administratif et qui fait monter les prix au bout du compte. Pour un devis de 400 euros, je suis obligé de mobiliser une secrétaire pendant une demie journée afin qu’elle prépare le dossier. Et cela prend du temps également à l’acheteur, tout ça pour des montants de quelques centaines d’euros », déplore Gilles Noé. « Que se passe-t-il le plus souvent ? L’acheteur finit par choisir son prestataire habituel parce qu’il le connaît bien et qu’il sait qu’il travaille correctement. On le comprend. Pourquoi s’embarrasser avec une entreprise inconnue ? », résume-t-il. « Les MAPA coûtent plus chers et ralentissent tout »Pour Gilles Noé, les MAPA et la pratique des trois devis pèsent également sur l’organisation des PME. « Depuis l’entrée en vigueur des MAPA, les communes mettent beaucoup plus de temps à sélectionner leur candidat final. Pour un marché lancé en septembre, le choix du titulaire n’intervient que plusieurs mois plus tard. En attendant, notre société est obligée de licencier des personnes puis, si nous avons le marché, de travailler deux fois plus ensuite », se désole le professionnel. Son constat est tout aussi négatif concernant l’accès des petites entreprises à la commande publique par le biais des MAPA : « c’est exactement l’inverse qui s’est produit. Seules les entreprises de grosse taille ont les moyens de glaner les avis de publicité éparpillés sur les multiples sites internet des communes et le temps de préparer leur dossier administratif », conclut-il sans ambages. Une entreprise de services interrogée confesse que les devis bidonnés sont fréquents : « il arrive tous les jours qu’une collectivité cliente qui souhaite retravailler avec nous nous demande d’appeler des confrères pour qu’ils rendent des devis artificiels. C’est encore plus vrai depuis la sortie du Code des marchés publics 2004 », avoue-t-on.Sandrine Dyckmans © achatpublic.com, le 02/01/2006