Un marché en bonne santé

  • 02/01/2006
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Depuis la sortie de décrets et de normes européennes réglementant les aires de jeux, à la fin des années 1990, ce secteur d’activité a connu de profonds remaniements. Remise aux normes des équipements, remplacement, rénovation… Les aires de jeux vétustes ont disparu et les sites installés depuis font l’objet d’une surveillance régulière. Les ventes d’équipements se portent relativement bien, malgré une stagnation depuis deux ans. Le marché de la maintenance, en revanche, ne cesse de s’accroître. Il est bien loin le temps où les aires de jeux se résumaient à une balançoire, un toboggan, un bac à sable et un tourniquet. Depuis plusieurs années maintenant, les industriels du secteur proposent des équipements ludiques qui jouent sur la forme, les couleurs, les matériaux, en fonction de la fréquentation de la population, de l’environnement, et bien sûr, des desiderata et des moyens des communes, pour proposer des créations originales. L’activité de fabrication des aires de jeux se porte plutôt bien. Elle a connu un boom sans précédent à la fin des années 90, suite à la publication de deux décrets réglementant la production et la maintenance des équipements. Le premier, le décret du 10 août 1994 (décret n°94-699), définit les obligations des fabricants et des importateurs d’équipements. Il impose le respect d’exigences essentielles de sécurité, l’apposition d’un marquage et la fourniture de notices d’information nécessaires à l’installation et l’entretien des aires de jeux. Le second, le décret du 18 novembre 1996 (décret n°96-1136), fixe pour sa part les prescriptions de sécurité applicables aux installations elles-mêmes. Ce texte s’adresse aux propriétaires et aux gestionnaires qui doivent notamment vérifier que les équipements et l’aménagement d’une aire ne sont pas dangereux, assurer l’information des utilisateurs ou des personnes les accompagnant, et surtout, organiser le contrôle et la maintenance du site en tenant à jour une documentation complète. Des normes qui ont nettoyé le marché des aires de jeuxSuite à ces deux décrets, des normes européennes référentielles pour les équipements et les sols de sécurité (EN 1176 et EN 1177), élaborées dans le cadre du comité européen de normalisation, se sont mises en place. Elles ont permis d’établir un corpus de règles techniques claires, compatibles dans tous les Etats membres. La publication de ces textes a pu éclaircir enfin la situation car il n’y avait auparavant pas de réglementation spécifique en vigueur. Pour autant, et même si certaines avaient tendance à l’oublier, cela n’exonérait pas les personnes publiques de vérifier le bon entretien des aires de jeux et ne les dégageait pas de leur responsabilité en cas d’accidents. L’introduction de règles et normes européennes nouvelles ne s’est toutefois pas faite sans remous. Pour beaucoup de collectivités, la remise aux normes des équipements ou leur remplacement a pesé sur leur budget. Bon an, mal an, toutes se sont mises au diapason… Fini les équipements vétustes, le secteur des aires de jeux s’est assaini en quelques années, pour le grand bonheur des fabricants qui ont surfé sur la vague. Parues entre 1997 et 1998, les normes européennes ont révélé quelques faiblesses au fil du temps. Il est notamment apparu que les fabricants et les propriétaires d’équipements avaient du mal interpréter certaines exigences et, de surcroît, certains équipements ne sont pas pris en compte. Leur rafraîchissement est donc en cours. Les textes révisés sont attendus pour le premier semestre 2006. Mais que les collectivités se rassurent. Selon Catherine Trachtenberg, présidente de la FIFAS (Fédération française des industries du sport), ils ne remettront pas en cause les jeux déjà installés.Le grand calme après la tempêteDepuis quelques années, le marché s’est stabilisé. Selon Gilles Noé, président de la SAGES (service aires de jeux et sols souples de sécurité), les ventes d’aires de jeux ont connu une stagnation entre 2001 et 2002, puis une baisse entre 2003 et 2005, alors que le secteur de la maintenance explose depuis 1998. Quant au marché des sols souples, qui présente un secteur à part entière, il est stable et se porte bien. L’année 2006 devrait être plus prolifique pour les fabricants car elle va correspondre aux premières vagues de renouvellement des équipements. Le nombre de ventes devrait donc repartir à la hausse. Les chiffres les plus récents (1), qui datent de 2003, indiquent que le parc total des aires de jeux en France est évalué entre 45 000 et 55 000 sites. Les mieux équipés sont les parcs et jardins (94% de taux d’équipement), les écoles maternelles (84%), puis les crèches et haltes garderies (70%). Viennent ensuite les campings municipaux et les écoles primaires. Ce qui correspond à un marché de 204 à 234 millions d’euros (si l’on prend en compte l’ensemble des postes tels que les budgets d’investissement et de fonctionnement comprenant l’achat, la pose, la maintenance, etc.). En 2003, 5,8% des communes projetaient de supprimer des aires de jeux, tandis que 16,6% envisageaient de remplacer les jeux existants et 12,4% d’y ajouter des installations complémentaires. Les budgets consacrés aux aires de jeux se répartissent en trois pôles principaux : l’achat et la pose des jeux représentent 31% du budget, l’aménagement des terrains 21%, et la maintenance 20%. Viennent ensuite l’achat de pièces détachées et la participation du personnel communal. Selon l’enquête menée en 2003, près de 26% des communes interrogées avaient à cette date un contrat de maintenance ou d’entretien. Les aires de jeux en France, parent pauvre de l’EuropeSi le marché se porte bien, il est toutefois loin d’être à la hauteur de celui des autres pays européens, estime Vincent Schaller, directeur général de JMS (jeu et mobilier Sigiel) et président de la section aires de jeux à la FIFAS. Le taux d’équipement de l’hexagone serait, selon le fabricant, en retrait par rapport à ses voisins tels que l’Angleterre ou les pays scandinaves : « le Royaume-Uni a mis en place un plan triennal pour favoriser l’implantation des équipements ludiques et toutes les copropriétés scandinaves disposent d’une aire de jeux », annonce le professionnel. « En France, les aires de jeux sont loin d’être le centre d’intérêt des élus locaux. Pourtant, il serait souhaitable qu’elles soient considérées comme un élément du dispositif social », commente Vincent Schaller. C’est notamment dans ce but que la FIFAS et le groupe Moniteur ont mis en place le prix de la ville ludique, décerné pour la toute première fois lors du congrès des maires 2005, en novembre dernier. Il a pour but de récompenser les communes et les structures intercommunales qui développent une politique globale exemplaire en matière d’aires de jeux. Sandrine Dyckmans © achatpublic.com, le 02/01/2006(1) étude réalisée en 2003 par le cabinet Gaultier et associés auprès de 400 collectivités territoriales, entre juin et août 2003, pour le compte de la FIFAS (Fédération française des industries du sport)