
Quand départementalisation rime avec centralisation
La départementalisation des services d’incendie et de secours a eu pour conséquence logique de réorganiser les procédures d’achat en place. Un vaste mouvement de centralisation de la commande publique se fait jour. Elle n’est pas toujours bien vécue par les sapeurs-pompiers. Habitués pendant longtemps à passer simplement commande auprès de leur commune, ils vivent parfois cette centralisation comme une contrainte.

Les services d'incendie et de secours ont été clairement marqués ces dix dernières années par une réorganisation de leur activité à l'échelon départemental et non plus communal. Si pendant longtemps la commune a représenté incontestablement l'échelon adéquat pour organiser les secours en cas de sinistre, elle s'est avérée inadaptée à partir des années 1970 en raison des écarts criants de moyens apparus au fil du temps, suivant la taille et la richesse des communes. La départementalisation des services d'incendie et de secours a permis d'uniformiser les ressources des sapeurs-pompiers. Certes, des différences subsistent d'un service départemental à l'autre, mais elles sont beaucoup moins importantes qu'auparavant. La restructuration des services a bien évidemment eu des répercussions sur l'organisation des achats. Ils tendent à être plus en plus centralisés au sein d'une seule direction. Selon le chef du service achats d'un SDIS de Rhône-Alpes, cette fonction transverse prend forme depuis quelques années. " Une mutation est en cours depuis le début de la départementalisation. Les achats sont une composante de cette mutation ", estime le praticien.
Une centralisation récente
Cette centralisation s'accompagne également - et pourrait-on dire naturellement - d'un mouvement de professionnalisation des achats, à l'image des collectivités publiques : " avant la départementalisation, on faisait plus de l'acquisition que de l'achat. On ne travaillait pas autant sur l'évaluation et l'expression des besoins ou la rédaction du cahier des charges. Le processus de l'achat était partiel. Le code des marchés publics est venu donner un cadre plus clair ", indique cet acheteur. La réorganisation des achats n'est effective que depuis environ deux ans car il a fallu, avant de se lancer, que les SDIS prennent leur rythme de croisière avec la départementalisation et gèrent enfin l'ensemble du personnel administratif et des sapeurs pompiers. Au sein du SDIS de l'Isère, par exemple, cette configuration est en place depuis un an et demi. Ce mouvement de fond a pour intérêt d'avoir permis de regrouper les compétences et le savoir-faire, du moins dans les SDIS les plus importants qui bénéficient d'un personnel administratif étoffé. Il semblerait que ce soit moins le cas dans les SDIS les plus modestes qui rencontrent parfois des difficultés pour recruter des spécialistes matière de commande publique. Or, qu'il s'agisse du SDIS de la Lozère, qui regroupe 79 000 habitants, ou celui du Nord qui en compte 2,5 millions, les impératifs en matière de sécurité sont le mêmes… Il n'en demeure pas moins que, grâce à la départementalisation, les dotations de l'Etat se sont institutionnalisées, ce qui a permis notamment aux directions départementales de renforcer leur parc de matériel. " C'est une bonne opération pour les SDIS ", juge le colonel Didier Paris, du service d'incendie et de secours d'Eure-et-Loire. La massification des achats aurait par ailleurs accru la concurrence et entraîné une hausse dans la qualité des offres.
Une réorganisation parfois mal vécue
Pour autant, l'évolution des processus achats ne va pas sans difficultés : " les sapeurs-pompiers sont passés brutalement d'une organisation où l'on comptait 5 à 6 000 acheteurs à une centaine seulement ", explique Didier Paris. " Or, qui dit centralisation, dit rigidité pour certains sapeurs-pompiers ", poursuit-il. " Par le passé ces derniers avaient l'habitude de passer commande auprès de la commune voisine pour les fournitures en particulier - le gros matériel est départementalisé depuis longtemps - et chacun faisait sa vie. Ils doivent maintenant en référer au SDIS. Or, certaines unités opérationnelles sont éloignées des directions administratives. Cela prend parfois plus de temps que par le passé d'obtenir les ramettes de papier demandées ou la cartouche d'encre. L'obligation de computer les seuils au niveau départemental a été vécue comme une seconde départementalisation contraignante ", analyse-t-il. L'une des difficultés pour les SDIS consiste donc à pouvoir livrer en temps et en heure toutes les casernes qui sont dispersées sur le territoire. Quand il s'agit de ramettes de papier, un retard dans la livraison n'a rien de périlleux. Il n'en est pas de même pour le carburant ou des bobonnes d'oxygène médical.


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