
Une femme chez les pompiers : cherchez l’erreur ?
Est-il possible quand on est une jeune femme de savoir faire fonctionner le service achat d’un grand SDIS ? Oui, sans aucun doute, répond Lizzie Mata. Tout juste âgée de 24 ans, cette jeune femme assure sans vaciller depuis novembre 2004 les fonctions de chef du service de la commande publique du SDIS des Bouches du Rhône, l’un des plus importants de France et des plus exposés en matière d’incendies de forêt. Avec beaucoup d’humour et un peu de son amour-propre gentiment ravalé de temps en temps, on arrive à tout.

On le sait, les SDIS regroupent des salariés essentiellement de sexe masculin. Aussi, lorsque l'on est une femme, qui plus est d'à peine 24 ans, et que l'on travaille dans un environnement d'hommes par excellence qui connaissent mieux que quiconque les ficelles de leur métier, la tâche paraît plutôt ardue de prime abord. Et ce, d'autant plus que les acheteurs, pilotés par la nécessité de toujours respecter les règles contraignantes du Code et de faire l'achat au meilleur rapport qualité/prix, sont parfois considérés comme des empêcheurs de tourner en rond. Et pourtant Cette gageure, Lizzie Mata a réussi à la dépasser. Chef du service de la commande publique du SDIS des Bouches du Rhône, Lizzie Mata a paradoxalement rencontré moins de difficultés à travailler avec ses collègues pompiers qu'avec ses collègues de sexe féminin des services administratifs : " je n'ai pas véritablement rencontré de difficultés avec mes équipiers de sexe masculin. En revanche, il m'a paru parfois plus compliqué de gérer les relations avec certaines de mes collègues, notamment quand elles étaient plus âgées. J'arrive généralement à faire passer mes idées avec de l'humour. Vous savez on peut tout dire avec de l'humour ", assure-t-elle. " D'ailleurs, c'est probablement parce que je suis relativement jeune et de sexe féminin, que mes collègues acheteurs ont pris des gants avec moi ", confie-t-elle. Elle avoue cependant qu'ils sont un brin moqueurs de temps en temps " parce que je connais un peu moins l'aspect technique de leurs matériels ". Il y a parfois même quelques boutades sur le port de talons ou de tailleur alors qu'eux sont en tenue de combat la plupart du temps. " Mais tout cela se passe bien et participe à une bonne ambiance de travail ", ajoute-t-elle. Pourtant tout n'était pas gagné quand Lizzie Mata a intégré le SDIS des Bouches du Rhône.
Faire en sorte que le service marché ne soit plus une bête noire
Arrivée en novembre 2004, après une formation universitaire juridique (1), elle a rapidement pris en main le service de la commande publique en revoyant quelque peu les modes de fonctionnement : " Le service marché était envisagé comme la bête noire de notre établissement, on nous reprochait de trop poser de questions, nous étions soit disant un peu trop inquisiteurs. Il fallait donc changer les choses ", rapporte Lizzie Mata. Elle propose alors de nouvelles procédures de travail : " Nous travaillons beaucoup plus en collaboration maintenant. La pédagogie, le dialogue et une meilleure écoute du besoin ont permis au service acheteurs et aux gestionnaires de marchés de mieux collaborer. Au final, nous pouvons considérer que nous achetons mieux aujourd'hui. Nous sommes plus réactifs et chaque service comprend mieux les impératifs de l'autre ", explique-t-elle. " Notre travail se fait en binôme. Ainsi, le service que je chapeaute comprend quatre rédactrices ou gestionnaires marchés qui sont chargés de la rédaction des pièces du marché. Du coté acheteur, il y a ce que nous appelons les groupements fonctionnels : " les opérationnels ". Parmi, ces groupements, on trouve les ressources humaines, les finances, l'administration générale, le médical, les infrastructures, les techniques et logistiques, etc ", précise la responsable de la commande publique.
Collaboration permanente entre les acheteurs et les utilisateurs
" Chacun de ces groupements fait remonter ses besoins à notre service. Ils élaborent ainsi un projet de cahier des charges et nous élaborons de notre coté l'ensemble des autres pièces du marché. Pour nous mettre d'accord et être certain que nous nous comprenons, nous nous réunissons pour une mise au point. Il s'agit de mieux comprendre les besoins des utilisateurs, pour mieux leur expliquer comment cela se passera. Au cours de cette ou ces réunions, nous arrêtons les critères de choix et définissons un rétro planning de la consultation ", mentionne Lizzie Mata. Ensuite, le service de la commande publique suit la procédure et l'exécution du marché. Il organise les commissions, participe aux négociations, attribue le marché, effectue le suivi des factures, calcule les pénalités de retard " Mais toujours en collaborant avec le service acheteur ", rappelle notre jeune praticienne. " Nous informons le lieutenant colonel en charge du dossier du passage de chaque étape. D'ailleurs les rapports d'analyse des offres font l'objet d'une corédaction. C'est dire que, de bout en bout, nous travaillons ensemble ", commente-t-elle.
Une bonne dose d'humour et la susceptibilité au placard
Si l'on demande à cette juriste fraîche émoulue ce qui fait la spécificité des achats des SDIS, elle évoque quasi immédiatement l'importance que revêt la réactivité de son métier. " De part notre situation géographique, nous devons tout mettre en uvre pour que nos fournisseurs respectent les délais. Ils doivent être aussi réactifs que nous. Imaginez sinon ce qui pourrait se passer en plein été, avec les feux de forêt ? Mais les pompiers travaillent aussi avec du matériel très particulier ". Bien que chef du service de la commande publique, elle n'hésite donc pas à solliciter ses collègues afin d'appréhender plus aisément l'aspect technique de certains achats. " Quand on nous parle de matériels de désincarcération, ça va encore. En revanche, il m'est arrivé de demander ce qu'était un explosimètre (2) et à quoi cela pouvait servir. Evidemment cela fait sourire mes collègues ", avoue-t-elle avec humour. Et de préciser : " cela n'augure aucunement de mauvaises relations. Tout cela est bon enfant et participe à un bon travail de collaboration ", conclut Lizzie Marta. Les sociologues des entreprises disent que la conciliation - qualité qui serait davantage partagée par les femmes que par les hommes - est nécessaire à la bonne entente et au travail d'équipe. Le cas de Lizzie Marta en est probablement la preuve.
(1) Lizzie Mata a obtenu en le DESS de droit des contrats publics de Nancy en juin 2004
(2) Consulter le site internet du SDIS 13 : http://web.sdis13.fr/index.php
(3) Un explosimètre a pour but d'estimer le danger d'explosivité d'une atmosphère polluée en gaz inflammable: http://www.chimix.com


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