
Des PME sans boussole
- 06/11/2007
Le chemin qui mène les PME vers les marchés publics reste semé d'embûches comme l'indiquent plusieurs études lancées par Facile. Désorientées par les procédures, les entreprises, qui ne savent pas exactement comment se tenir au courant des opportunités d'appels d'offres, ont une piètre image de l'achat public.

Avant de se jeter à l'eau, les partenaires du projet Facile ont jugé préférable de vérifier la faisabilité et la pertinence d'une telle opération. C'est pourquoi plusieurs études ont été lancées simultanément. L'Institut régional d'administration (IRA) a été chargé à la fois de comparer le droit des marchés en France et en Wallonie, et d'identifier les éventuels points d'achoppement. L'école de fonctionnaires doit également préciser l'impact économique de la commande publique dans les deux régions. Parallèlement, Digiport, centre d'expertise NTIC de Lille Métropole, a mené l'enquête afin de découvrir ce que pensaient les acheteurs publics des candidatures PME. Force est de constater que ces dernières n'ont pas forcément la cote. Seuls 16% de la cinquantaine de professionnels approchés jugent qu'elles ne posent aucun souci. Les reproches portent sur l'oubli de documents lors de la constitution des enveloppes de candidatures (56%), les dossiers mal remplis (48%), et la difficulté d'obtenir des documents supplémentaires lorsque la PME est attributaire (32%). Les acheteurs voient donc d'un bon œil la perspective d'une plateforme régionale capable d'accompagner les soumissionnaires : elle permettrait à leurs yeux d'améliorer l'accès à la commande publique (72%), et l'information des PME (60%). Et du côté des opérateurs économiques ? L'Ecole supérieure de commerce de Lille s'est portée volontaire pour mener une étude de comportement. « Nous possédons un outil de sondage en ligne, et nous avions déjà réalisé des études de ce type. En outre, le sujet des PME, avec lesquels nous avons de nombreux contacts, nous intéressait », explique Brigitt Albrecht-Rohn, directrice marketing du groupe ESC Lille. Administré en ligne, le questionnaire a démarré fin août. Les chambres de commerce ont assuré sa publicité et l'ESC a utilisé son propre fichier d'entreprises. Début octobre, 250 entreprises avaient pris la peine de répondre aux interrogations. Elément à garder à l'esprit : le panel déclare majoritairement (65%) avoir répondu à un marché public
Les entreprises ont la dent dure pour l'achat public
C'est donc en toute connaissance de cause que les opérateurs économiques ont eu la dent dure. Car le moins que l'on puisse dire c'est que la commande publique, malgré le mouvement de professionnalisation des acheteurs et les efforts pour simplifier les procédures, n'a pas encore redoré son blason. Parmi les principales critiques décochées, on retrouve le classique délai de paiement (61%) et le non moins traditionnel choix du moins-disant (51%). 87% des PME se plaignent de la complexité des dossiers, 81% estiment que les marchés publics nécessitent trop de temps pour préparer les dossiers. Plus grave, 49% des répondants pensent que les « jeux sont faits d'avance », ce qui, on le comprend aisément, n'incite pas à soumissionner. 12% estiment même que l'achat public est synonyme de marché « fermé et inaccessible ». « Certains commentaires, certes isolés, ont été encore plus durs », note Brigitt Albrecht-Rohn. Une entreprise n'a pas hésité à parler de marchés « réservés aux copains ». Une autre a ajouté que ses offres servaient de lièvres pour obtenir de meilleurs prix, mais qu'au final les « habitués » remportaient les affaires. L'enquête met donc en relief une dichotomie entre les entreprises qui connaissent les rouages des marchés et les autres. Conséquence de quoi, un cinquième de l'échantillon considère les marchés comme une opportunité de business. Autre enseignement de l'étude corroboré par l'enquête auprès des acheteurs : les opérateurs économiques avouent massivement leur méconnaissance du sujet. 68% des sociétés ne savent pas où trouver de l'information et 60% ignorent même l'existence d'un nouveau Code ! Un score qui devrait pousser l'ESC Lille à creuser le sujet pour former ses étudiants, futurs cadres et dirigeants. Sans surprise, 79% des PME déclarent être intéressées ou très intéressées par la création d'un point d'entrée régional, 69% par la possibilité d'être alertées des consultations par mél. Car Internet est désormais tellement entré dans les mœurs que le papier n'est plus à l'ordre du jour. « Nous les avons interrogé sur l'intérêt de créer un journal gratuit d'annonces. Il n'y a qu'un tiers des réponses qui se dit favorable à cette idée », illustre Brigitt Albrecht-Rohn. Des résultats, qui s'ils ne sont pas très flatteurs pour la commande publique, semblent justifier pleinement la création d'un guichet unique.


Envoyer à un collègue
Chargé de mission centrales d'achats (f/h)
- 21/08/2025
- Métropole d'Aix-Marseille-Provence
Responsable de service commande publique et achats (f/h)
- 13/08/2025
- Ville de Fontenay-sous-Bois
Gestionnaire marchés publics (f/h)
- 13/08/2025
- Communauté de Communes Vallée des Baux-Alpilles
CE 31 juillet 2025 Société Artelia
-
Article réservé aux abonnés
- 06/08/25
- 11h08
TA Lyon 4 juin 2025 Société Computacenter France
-
Article réservé aux abonnés
- 31/07/25
- 07h07
TA Strasbourg 17 juin 2025 SAS Houpert
-
Article réservé aux abonnés
- 30/07/25
- 07h07
Quand les acheteurs publics cumulent les directions
-
Article réservé aux abonnés
- 27/06/25 06h06
- Jean-François Aubry
Marchés publics et 3 devis : une problématique dépassant le Code de la commande publique ?
-
Article réservé aux abonnés
- 13/03/25 06h03
- Mathieu Laugier
Quiz API 2025 : une remise en questions estivale
- 01/08/25 06h08
- Mathieu Laugier
Commande publique et protectionnisme : perte des priorités dans l’achat public ?
-
Article réservé aux abonnés
- 03/06/25 06h06
- Mathieu Laugier
Attributaire d’un marché public de second rang : un intérêt à agir en référé ? Le juge se positionne !
-
Article réservé aux abonnés
- 31/07/25 06h07
- Mathieu Laugier