Injecter du « durable » ou du « responsable » dans son offre commerciale va devenir progressivement incontournable. Certains n'ont pas louché le coche, cherchant à se démarquer de la concurrence. Ainsi au dernier Milipol, salon de la sécurité intérieure, la société Sinnoveg a par exemple proposé une clôture végétale, « haie défensive tressée naturelle », composée d'épineux, dissuasive et infranchissable, capable de remplacer les habituels grillages. Les fabricants et distributeurs commencent aussi à bouger en raison d'une demande croissante de leurs clients. L'UGAP, qui ne s'était pas vraiment distinguée sur le sujet par le passé, a changé radicalement de politique. D'abord en insérant partout où cela est possible des clauses durables dans les marchés qu'elle passe. « On s'applique les axes définis par le Plan national d'action pour des achats publics durables et l'UGAP a rédigé une charte destinée notamment à nos fournisseurs, précise Jean-Paul Le Bourg, secrétaire général et « mister green » de l'UGAP. Pour enfoncer le clou, la centrale a réuni à Paris, début octobre, 800 fournisseurs pour échanger sur le sujet. Ensuite en sensibilisant sa clientèle. La centrale vient de sortir un document, intitulé « l'achat éco-reponsable », à double volet. Le premier consiste en un guide technique, « afin d'aider l'acheteur à passer à l'action », commente Jean-Paul Le Bourg.

Ne pas s'épuiser sur des micro-achats verts

En une vingtaine de pages, le texte aborde trois questions : comment intégrer des préoccupations environnementales (définition du besoin, exigences du marché, sélection des candidats et de l'offre) ; les enjeux de l'achat éco-responsable (avec le rôle exemplaire que veut jouer l'Etat dans le domaine, les pistes et les solutions), et un petit dictionnaire des éco-labels bien utile pour les acheteurs qui cherchent à trouver leur chemin dans la jungle des logos « verts ». La deuxième partie se compose de l'offre UGAP dans treize familles (véhicules, véhicules industriels, carburants alternatifs, micro-informatique, consommables de bureau, solutions d'impression, mobilier de bureau, mobilier collectif, mobilier scolaire, électroménager, médical, hygiène et entretien, prestations de nettoyage). Pour chaque segment, une fiche récapitule les différents produits disponibles, la manière de les identifier, leur performance, les normes en vigueur. L'état de l'art en quelque sorte. « On veut montrer aux acheteurs qu'au lieu de s'épuiser dans des micro-achats verts, ils peuvent commander facilement des produits normés dans des secteurs importants comme l'automobile, l'informatique ou le papier, poursuit Jean-Paul Le Bourg, avec un souci : le double bénéfice. Acheter vert ne doit pas signifier alourdir la facture. »

Un catalogue spécial

CAMIF collectivités n'a pas non plus loupé le coche. Le distributeur a profité du dernier Salon des maires pour diffuser un catalogue « développement durable ». Une édition spéciale de 44 pages, réalisée sur papier recyclé, est une sélection de l'offre responsable. Il s'agit à la fois de biens à valeur ajoutée environnementale à l'image des produits garantis par un label officiel (NF, FSC, PEFC, Iso 14001), et des produits qui prennent en compte la dimension durable soit pendant toute la durée du cycle de vie (démarche d'éco-conception), soit pour une étape (utilisation d'une matière première issue du recyclage, capacité du produit à être recyclé). CAMIF Collectivités propose ainsi du mobilier de bureau éco-conçu, des banquettes plastiques recyclables. Le distributeur propose plusieurs services dans la même logique : prestation de collecte des déchets électriques et électroniques conformément au décret DEEE, récupération des emballages, et partenariat avec Emmaüs pour la récupération de biens qui ne font plus usage mais qui peuvent être réutilisés. L'aspect social est également présent. Le catalogue comprend aussi des produits fabriqués par des entreprises employant des personnes handicapées (centres d'aide par le travail).