UniHA en avance sur son temps

  • 17/10/2008
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Le groupement de coopération sanitaire UniHA est-il précurseur en matière de politique salariale ? Transposant les méthodes du privé, l’établissement, qui réunit 52 établissements hospitaliers, a mis en place un système de rémunération attractif reposant notamment sur une prime de performance pour les acheteurs.

Les acheteurs recrutés au sein du groupement de coopération sanitaire (GCS) UniHA (1) préfigurent-ils l’avenir de cette fonction dans le secteur public ? Alors que les praticiens d’Etat, territoriaux, et hospitaliers sont pour la plupart des fonctionnaires recrutés à des niveaux de salaires situés entre 1600 et 2500 € nets mensuels, sans profiter d’un quelconque système de prime à la performance, ceux qui ont été embauchés par le groupement des 52 adhérents (32 CHU-CHRU et 20 centres hospitaliers) bénéficient d’un système de rémunération proche de celui du monde du privé. Recrutés en tant que contractuels, les six professionnels concernés perçoivent une rémunération correspondant au grade d’ingénieur hospitalier, ce qui représente, en fonction de l’indice du grade, un salaire mensuel brut allant de 1 600 € nets au plus bas de l’échelon jusqu’à 3 600 € nets. « Nous avons assimilé les six personnes à cette grille un peu par défaut, mais c’est celle qui correspond le mieux à leur niveau de qualification qui oscille entre quatre et cinq années d’étude, explique Sylvie Tricard, la chargée de projet RH et formations des acheteurs au sein d’UniHA.

Une prime de performance qui peut aller jusqu’à 60% du salaire brut mensuel

Surtout, le grade d’ingénieur comprend une prime de technicité payable chaque mois dont le montant, arrêté par le responsable hiérarchique en fonction de la compétence professionnelle du bénéficiaire, peut aller jusqu’à 60%  du traitement brut mensuel indiciaire. « Les statuts techniques en milieu hospitalier ont été sérieusement revalorisés par décret l’année dernière afin de résorber le fossé qui se creusait entre le niveau de rémunération de ces personnels et leur niveau de compétence qui est a minima de deux années d’étude après le bac », explique Sylvie Tricard. C’est grâce à cette prime que le GCS a pu s’attirer des professionnels chevronnés qui sont tous issus du privé : « Les acheteurs recrutés ont perçu la première année des salaires qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils peuvent espérer en entreprise, commente-t-elle. En revanche, nous avons posé contractuellement le mécanisme d’obtention de la prime de technicité qui est touchée dès l’année suivant l’embauche, en fonction des objectifs atteints, ce qui a séduit clairement les candidats. Car cette prime promet une progression salariale rapide à laquelle s’ajoute la revalorisation indiciaire en fonction des années d’ancienneté. Or, dans le secteur privé, la prime n’est jamais acquise. C’est un élément de motivation incontestable », fait remarquer Sylvie Tricard. « Pour mener une politique RH adaptée, j’ai la possibilité de moduler le taux de la prime et de naviguer entre quatre grades et de nombreux échelons indiciaires différents ».

Vers une rétribution pour les acheteurs des établissements coordonnateurs ?

S’agissant de la prime, la responsable précise qu’elle comprend des objectifs à la fois qualitatifs et quantitatifs sur les segments d’achats que chacun gère avec notamment des gains d’économie à atteindre : « En fonction de l’atteinte des objectifs assignés, l’acheteur perçoit une part variable sous forme de prime », complète-t-elle. La politique d’intéressement devrait également concerner les acheteurs des services économiques ou des directions achats qui coordonnent les filières au sein des établissements dont ils dépendent  en sus de leur activité professionnelle quotidienne : « Le système devrait prendre la forme d’une rétribution pour ceux qui endossent la responsabilité de coordonnateur et de manager vis-à-vis des autres membres du groupement de commande », indique Sylvie Tricard.

Transposer les méthodes du privé dans le public

Agé pour le plus jeune de 32 ans et pour le plus âgé de 53 ans, les acheteurs engagés au GCS ont, soit une formation initiale en achat, soit une formation de base d’ingénieur avec une spécialisation en achat. Sylvie Tricard n’est pas peu fière d’annoncer que l’établissement compte parmi ses recrues un ingénieur chimiste qui a plus de 10 ans d’expérience d’achat chez Decathlon ainsi qu’un ingénieur formé à l’école des Arts et Métiers. A ce jour, le GCS a recruté un acheteur leader pour la filière services, un autre pour le textile et l’hygiène du corps, un troisième pour les NTIC et le dernier pour les achats de biologie. S’y ajoutent deux chargés de mission achats qui remplissent la fonction de chefs de projet. « Les chargés de mission ne font pas d’achats directement, commente la responsable. Ils analysent les données, coordonnent l’ensemble des filières d’achat sur la France entière, animent les réunions et conduisent les projets de groupement, tandis que les acheteurs leader de filière collaborent avec les groupes experts des adhérents et sont spécialisés dans le comment acheter et mieux acheter : ils font du sourcing, de la segmentation des achats, définissent les besoins des établissements membres, gèrent les relations avec les fournisseurs et font de l’analyse fonctionnelle. Ils ont cependant tous en commun de baigner dans la culture achat. Au GCS, ce que nous voulions faire admettre, c’est que les méthodes du privé sont totalement transposables dans le secteur public et c’est pourquoi nous avons engagé des professionnels issus du privé », conclut-elle. Le GCS devrait rapidement faire grossir ses troupes avec le recrutement de spécialistes des prestations de formation, du matériel biomédical et de la restauration en foyer et d’un chargé de développement e-procurement.

(1) UniHA regroupe 52 établissements hospitaliers dont 32 CHU-CHRU et 20 CH
Le guide des carrières des personnels hospitaliers non médicaux :
http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/hosp_nommed/accueil.htm
Pour plus d’infos sur les recrutements en cours : sylvie.tricard@uniha.org