Achat durable : un trophée “Coup de cœur” pour les chevaux d’ACCM
Des chevaux et des acheteurs. Ce fut un véritable coup de cœur de la part des membres du jury de cette 14ème édition des Trophées de la Commande Publique lorsqu’ils découvrirent le dossier de candidature de la communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette (ACCM) . Et nous avons eu le même en les rencontrant à Arles quelques jours avant qu’ils ne montent à Paris pour y recevoir leur trophée, tant ils étaient impatients, heureux que leur marché de service ait été récompensé par un prix spécial. Ils le méritaient…
“Équipe”, c’est un mot que tous reprennent en cœur, tant ils tiennent à ce que ce projet pluriel soit partagé et approprié par le plus grand nombre. Et ils ont de quoi être fiers, jugez plutôt : alors qu’ils concouraient dans la catégorie achat public durable contre des mastodontes comme le Groupement de coopération sanitaire UniHA (5 Mds d’euros d’achats en 2020) ou des pointures comme la SAS Tunnel Euralpin, responsable de la réalisation et de la gestion de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (1 million d’euros de capital social), ou encore la communauté urbaine de Dunkerque avec son budget de 563 millions d’euros en 2021, ils ont tiré leur épingle du jeu pour décrocher le Graal des achats publics avec, excusez du peu, un prix spécial coup de cœur !
Il faut dire que le dossier présenté par la communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette pourrait tout à fait entrer dans un Spaser.
David contre Goliath
Même si, avec 10,5 M€ par an, le volume d’achat d’ACCM est près de dix fois inférieur au seuil fixé pour imposer l’élaboration d’un schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables, toutes les qualités nécessaires sont pourtant réunies dans cette opération. Chef du service de la commande publique, Christelle Armandi la résume en quelques mots : « Il s’agit d’un marché de services dont l’objet principal est l’insertion socioprofessionnelle ; il a pour support d’activité la collecte des objets encombrants en mode de déplacement doux ».
Pour ce marché, le choix s’est porté plus spécifiquement sur l’hippomobilité. En Camargue, au pays des manadiers, l’utilisation du cheval tombe sous le sens !Le volume d’achat de l’ACCM est près de dix fois inférieur au seuil fixé pour imposer l’élaboration d’un SPASER. Et pourtant, toutes les qualités nécessaires sont réunies dans cette opération !
Chargée de développement clauses d'insertion au service Emploi et insetion, Catherine Thiery porte quant à elle l’accent sur le volet social : « Ce dossier a permis la mise en place de prestations d’appui et d’accompagnement à l’emploi auprès de personnes durablement exclues du marché du travail, ou qui rencontrent des difficultés d’accès ou de maintien dans l’emploi, souligne-t-elle, une action d’insertion qui se manifeste par des actions liées à l’environnement urbain comme, effectivement, la collecte des encombrants dans les quartiers prioritaires de la ville de Tarascon en complément des prestations de collecte des déchets ménagers déjà existantes sur la ville ».
La dimension sociale que souligne Catherine Thiery est d’autant plus essentielle à Tarascon que la ville affiche un taux de chômage supérieur à la moyenne départementale.
Plus de 50% de retour à l’emploi
Le fort taux de chômage qui frappe Tarascon est également un chômage de longue durée, alors que le niveau de qualification des demandeurs d’emploi est relativement bas. « Le soutien à l’emploi et à l’insertion professionnelle est d’autant plus nécessaire qu’il intervient dans un contexte économique et social difficile, déclare Cécile Teyras, chef du service Emploi et insertion, d’où le lancement de marchés d’insertion qui permettent l’accès à des activités salariées pour des demandeurs d’emplois durablement exclus du marché du travail, tout en leur assurant un accompagnement socioprofessionnel individualisé ».
Notre engagement en faveur de l’emploi se traduit par l’utilisation de la commande publique comme outil de lutte contre le chômage
Et ça marche ! « Depuis le début de l’année, s’enthousiasme-t-elle, nous avons un taux de retour à l’emploi de plus de 50% ! ». Les marchés publics comme levier de retour à l’emploi ? Christelle Armandi en est évidemment convaincue : « L’engagement de notre collectivité en faveur de l’emploi se traduit notamment par l’utilisation de la commande publique comme outil de lutte contre le chômage ».
La commande publique contre le chômage
Pour Catherine Thiery, le recours aux marchés publics est un atout non négligeable : « Au-delà de ses propres marchés, la communauté d’agglomération ACCM met en œuvre depuis plus de dix ans une mission de promotion d’appui à la mise en œuvre des clauses d’insertion auprès de l’ensemble des donneurs d’ordre du territoire ; cette mission est assurée par un chargé de développement clauses d’insertion porté par la collectivité ».
Au-delà des aspects sociaux, le volet environnemental mérite également d’être mis en valeur : « Outre l’intérêt qu’ils suscitent dans les quartiers, l’utilisation des chevaux pour la collecte des encombrants s’est traduite par une prise de conscience accrue de la nécessaire protection de l’environnement urbain, constate Olivier Daiguemorte, adjoint au service prévention, prestation et relations aux usagers, ainsi, l’accent porté sur la résorption des dépôts sauvages d’encombrants dans le centre de Tarascon semble porter ses fruits ».
L’expérience va être dupliquée dans d’autres villes de la communauté d’agglomération : « Nous entrons en phase de renouvellement, conclut Christelle Armandi, ce marché a maintenant vocation à être étendu sur les communes d’Arles et Saint-Martin de Crau ».Ce marché a vocation à être étendu sur les communes d’Arles et Saint-Martin de Crau
Alors, un coup de cœur ? Vraiment ? Ça va même plus loin que ça, parce que découvrir aujourd’hui que toute l’équipe de la commande publique d’ACCM est montée à Paris, au Salon des maires et des collectivités locales, pour recevoir son trophée montre également le souci de Lionel Dhô, le DGS, et Patrick de Carolis, le président, de mettre en valeur les acheteurs, ceux que Christelle Armandi qualifie modestement de “travailleurs de l’ombre”…
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