La lettre d'achatpublic.info n°252

  • 16/01/2009
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La commande publique française aurait sans doute inspiré l’acteur et producteur Patrick Mc Goohan, le regretté et cultissime n°6, disparu cette semaine, qui en connaissait un rayon sur les univers orwello-kafkaïens et l’absurde. Imaginons un épisode du Prisonnier où l’idyllique et artificiel Village accueille la communauté des acheteurs publics, vêtus de tenues excentriques et de chapeaux de paille. Installés dans des bureaux où les portes s’ouvrent toutes seules, ils sont assis dans des fauteuils en forme d’oeufs. Disséminés un peu partout, des haut-parleurs leur serinent quotidiennement qu’ils sont libres et responsables, que tout va bien dans le meilleur des mondes car le Code, les directives, lois, décrets, arrêtés et autres circulaires répondent à toutes leurs questions. Mieux, Numéro Un, qui ne pense qu’à simplifier les règles, supprime la double enveloppe, la CAO, autorise les MAPA de travaux jusqu'à 5 millions d'euros... Il les exhorte à s’émanciper, et leur promet, demain, une plus grande marge de manœuvre avec la fin des seuils intermédiaires de publicité. La suite du scénario est connue. Si le praticien, qui ne se considère pas comme un numéro, essaie de s’évader, il est aussitôt rattrapé au choix par sa hiérarchie, le comptable avide de pièces, ou un juge, à l'instar du Rodeur, l’infaillible ballon blanc à qui on n’échappe pas. « J’ai toujours été fasciné par la notion d’enfermement dans une société libérale » disait Patrick Mc Goohan. Bonjour chez vous.

Jean-Marc Binot

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