Plus belle la commande publique, saison 4, épisode 5

  • 28/09/2017
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« Ecoutez ça, le gouvernement a prévu de dépenser neuf milliards en cinq ans pour inventer -je cite - l’Etat de l’âge numérique. On va même avoir droit à un fonds de transformation de l’action publique », annonce Arthur Costes-Quillères à ses collègues de la direction des achats de la région de Septicémie Septentrionale, en dépliant son quotidien. « Sapristi, je croyais qu’il n’y avait plus un fifrelin dans les caisses jupitériennes, et que le gouffre de Padirac était une aimable crevasse à côté de notre insondable déficit. On a peut-être déniché un trésor au fin fond des entrailles des comptes de la nation. Ou alors tout ceci sera payé en bitcoin », commente Hervé Legain, sur un ton que d’aucuns qualifieraient de cauteleux. « L’âge numérique ! Quand j’écoute ces beaux môssieurs de la capitale, ça me file d’épouvantables acouphènes. On a l’impression que les services publics en sont restés à l’âge de glace. Ici, personne ne les a attendus pour abandonner la feuille de papier. Cela fait des lustres qu’on a dématérialisé nos consultations, que nos MAPA sont passés en MPS, qu’on pousse nos fournisseurs à déposer leurs factures sur Chorus Pro. Même le doyen d’âge de l’assemblée, Maurice Baderne, dont les ronflements éléphantesques perturbent régulièrement la commission d’appel d’offres, utilise un parapheur électronique, c’est dire », s’insurge Marie-Lou Verture-Desplis, en cliquant avec frénésie sur sa souris. « Toi qui es une accro d’internet, accroche-toi au bastingage parce que le formulaire e-DUME, qui doit en théorie devenir obligatoire l’année prochaine, n’est pas encore prêt à l’emploi. Et comme en France, on ne fait jamais rien comme les autres, la solution « MPS embedded », non intégrée sur les profils d’acheteur, perdurera jusqu’en avril 2019, avant d’être reprise par les API DUME. Si tu n’as rien compris, moi non plus. Le seul truc que j’ai pigé, c’est que les DC1 et DC2 vont disparaître », lui signale Enrico Trétence, son voisin de bureau (lire notre article). Bon allez, fin de cet édito binaire, je vous laisse, je reprends mes études et j’ai une foule des maths à finir (oui, je sais, c’est tiré par les cheveux). A la semaine prochaine,  peut-être.

Jean-Marc Binot