L’éveil du macareux

  • 25/10/2018
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Il était une fois un petit macareux, avec un regard malicieux, qui voulait préserver l’environnement de ses belles falaises islandaises. Puffin de son prénom, défendit bec et ongle l’idée de prendre en compte dans les achats le coût du cycle de vie. A l’inverse, Donald, le chef de la tribu, faisait l’autruche dès qu’il s’agissait de développement durable. Fier comme un coq, il mit fin à la tirade de Puffin en déclarant qu’il ne souhaitait plus se prendre le bec avec un tétrapode ayant une cervelle de moineau. L’oisillon, vexé, ne parvint pas à clouer le caquet de son rival. Mais bien décidé à faire son nid, Puffin s’envola pour la ville lumière dans l’espoir d’aiguiser sa plume. Le Ministère de l’écologie présentait en effet sa charte de l’achat public durable dans laquelle il a imposé sa griffe (lire l’article). A peine arrivé, notre voyageur du nord aperçu un corbeau se pavaner comme un paon sur les bords de seine. Il eut la chair de poule. En voyant cet oiseau de mauvais augure, le macareux l’interpréta comme un signe avant-coureur d’une catastrophe. Deux heures après, Puffin apprit que la charte de l’achat durable n’avait aucune force juridique. Cette nouvelle tua dans l’œuf toute plaidoirie, à son retour sur l’île, en faveur de l’adoption d’un comportement écoresponsable. Puffin s’installa sur le parterre d’une terrasse pour noyer son chagrin dans un ver. Ce faisan(t), il se mit à penser au fait que l’acheteur ne pouvait moduler les pénalités d’un marché à son bon vouloir (lire l’article). Perdu dans ce poulailler, cette anecdote le fait sourire. D’autant qu’il n’était pas le seul à voir son projet battre de l’aile, plusieurs de ses camarades étaient eux aussi dans l’impasse. La preuve était ce post, publié sur le réseau social préféré des volatiles, « S’équiper d’un système d’information achats, un peu miroir aux alouettes si l’on pense qu’il va faire disparaître tous les soucis » (lire l’article). Soudain, Puffin entendit un de ces deux voisins de tablé s’écrier « Nous ne voulons pas devenir des petits [poussins] de la commande publique ». Un directeur d’une plateforme racontait son interview donné à un canard du coin à propos du fait que l’Etat s’essayerait aux marchés interrégionaux (lire l’article). Son confrère voulait de son côté déplumer tous les obstacles empêchant la candidature d’une PME (lire l’invité du jeudi). Une fois cette entrevue terminée entre ces inséparables, notre macareux reprit sa route pour rejoindre les siens. Mais avant, il décida de faire une halte et d’aller roucouler chez les flamands. Fin ! J’espère ne pas avoir été le dindon de la farce en vous racontant ce conte. La semaine prochaine, place au phénix de ces bois.

Mathieu Laugier