[Tribune] Conversation (presque fictive) entre acheteurs : "être au maximum facilitateur"

  • 05/11/2020
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Situation : deux acheteurs publics se questionnent sur le contexte actuel, les modes de communication et les projets de simplification… Alain Bénard, Président de l'Association des acheteurs publics (AAP), en une courte scénette, résume ces questionnements qui interpellent les acheteurs publics..

 «- Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- Tu penses que l’on peut encore faire plus vite, plus simple ?
- Pourtant, j’ai tout regardé, y compris en faisant une analyse sur 20 ans. Les délais de remise des offres ont été diminués, la dématérialisation a tout accéléré, les dossiers de candidature et de remise des offres n’ont cessé de se simplifier, il n’est même plus la peine de signer ! Les délais de paiement et les avances ont été revus. On peut même faire de l’affacturage inversé et même utiliser une carte d’achat et acheter par Internet. On atteint presque "la concurrence pure et parfaite" si chère à Knight !

- Arrête ! Tu utilises encore un concept has-been qui lui-même est devenu vieux-jeu, il faut te mettre à la page, vivre, écrire et parler avec ton temps !
- Mais pourtant, il s’agit des bases et des conventions de notre fonctionnement permettant notamment d’en connaître les fondements et les origines et d’avoir un praxis professionnel ?
- Peu importe aujourd’hui ! Tu remplaces "Madame, Monsieur" par "Bonjour" et tu termines par "Très cordialement",  en oubliant tes formules de politesse et ton vocabulaire, que plus personne ne comprend. C’est ça "vivre avec son temps" et surtout s’adapter. Il ne s’agit pas de retourner, sa veste mais d’en changer.
- Tu crois, c’est ça l’évolution, le progressisme ?

Ce qui est sûr, c’est qu’il faut être au maximum facilitateur et répondre aux demandes de nos élus et habitants. Cela ne veut pas dire agir sans réfléchir, mais bien connaître les limites à ne pas franchir. L’acheteur doit être agile mais pas casse-cou


- Ce que je crois n’a pas d’importance. En revanche, ce qui est sûr, c’est qu’il faut être au maximum facilitateur et répondre aux demandes de nos élus et habitants. Cela ne veut pas dire agir sans réfléchir, mais bien connaître les limites à ne pas franchir. L’acheteur doit être agile, mais pas casse-cou.

- Je comprends. Pourtant, avec toutes ces propositions de simplification actuellement en discussion ou en vigueur depuis peu, j’ai du mal à suivre…
- Certes, mais quelles que soient ces évolutions ou ces révolutions, notamment avec la notion d’intérêt général, il est indispensable de toujours conserver les principes de base de la commande publique qui restent le paradigme de tout bon acheteur : la liberté d’accès à la commande publique, l’égalité de traitement des candidats et la transparence des procédures..

- Heu… paradigme ? Bon acheteur ? Tu te crois à l’oral devant un jury ?

L'analyse du besoin, la bonne gestion des deniers publics et la mise en concurrence permanente : voilà les piliers de l’achat public. Ils sont immuables car tout simplement de bon sens 

- Ecoute, plus simplement : l’analyse du besoin, la bonne gestion des deniers publics et la mise en concurrence permanente. Voilà les piliers de l’achat public. Ceux-ci sont immuables car ils sont tout simplement du bon sens…»
 
Le bon sens, l’agilité et j’ajouterai le pragmatisme dans l’achat public, ce sont justement ces thèmes que l’Association des acheteurs publics comptait évoquer lors de sa conférence annuelle du vendredi 27 novembre 2020, qui, étant donné la situation sanitaire, sera reportée à une date ultérieure au premier semestre 2021.
En attendant, les experts de l’association poursuivent leur participation au sein du groupe de travail des CCAG ainsi que celui relatif à la rédaction d’un guide des modifications avec le MEDEF. Les mises à jour des guides de la procédure adaptée et de la négociation dans la procédure adaptée sont dès à présent disponibles en téléchargement pour les membres. N’hésitez-pas à nous rejoindre !

A très bientôt,
Bonjour chez vous !