S'il est une matière qui a le vent en poupe en cette période tournée favorablement vers le développement durable et l'écologie, c'est sans nul doute le bois. Cette essence ancestrale et naturelle tend à gagner peu à peu le cœur des particuliers et des collectivités locales françaises. Pionnière en la matière, la ville de Taponnat-Fleurignac (Charente) a inauguré au mois de novembre dernier une nouvelle classe de maternelle entièrement construite en bois massif avec des fenêtres en triple vitrage : le plancher est en mélèze de Sibérie, l'extérieur en pin Douglas et le parement se compose d'épicéa. Quant aux plafonds, ils sont en panneaux de copeaux de bois. Ces essences ne vous diront peut-être rien, mais les férus d'écologie retiendront qu'il s'agit de bois européens certifiés PEFC et FSC (1), les deux seuls labels sérieux mis en avant à l'issue du Grenelle de l'environnement pour l'achat de bois gérés durablement. Serge Jacob-Juin, le maire, n'est pas peu fier de cette innovation qui semble avoir remporté les suffrages dans son village et que plusieurs élus locaux sont déjà venus voir pour se faire une idée de la chose : « Le cahier des charges indiquait la possibilité de proposer des modules en bois car j'avais déjà vu des réalisations de ce type intéressantes et que, comme beaucoup de monde, j'ai été sensibilisé au thème du développement durable qui est devenu très à la mode », précise le maire de la petite commune charentaise. C'est Liberty-House, une toute jeune société européenne, qui conçoit des unités en bois dur pour la construction de parcs de loisirs, de bâtiments destinés aux collectivités et de maisons individuelles, qui a remporté l'appel d'offres. Elle était la seule, sur les cinq à six candidats en lice, à proposer une structure en ligneux.

Construction de la classe en 30 jours

« Notre solution repose sur des modules d'une dimension de 10 mètres de long sur 2,50 mètres de large qui peuvent s'ajouter les uns les autres pour obtenir la surface que l'on souhaite. On peut aussi diviser leur surface par deux ou trois ou encore superposer deux modules pour faire un étage, cela fonctionne un peu comme des legos. En agençant les modules de multiples façons, nous pouvons faire du prêt-à-porter. Nous avons par exemple réalisé un centre équestre composé de huit unités avec un patio au centre du bâtiment », explique André Bentzmann, le président de Liberty-House. Les structures sont construites dans l'usine de fabrication située à Karlsruhe « car nous souhaitions profiter de la compétence et de l'expérience allemande dans ce domaine », précise André Bentzmann qui l'a donc rachetée à la création de la société il y a deux ans, « puis elles sont transportées pour être montées sur place par nos techniciens », complète ce dernier. Dans le cas de Taponnat-Fleurignac, ce sont sept modules (180 mètres carré au total) qui ont été acheminés par convoi exceptionnel cet été depuis Karlsruhe jusqu'au village. Ils ont été montés en six jours sur des plots de béton : « C'est la mairie qui a fait l'étude du sol et qui s'est chargée de préparer le terrain », précise André Bentzmann. Il a fallu trois jours pour convoyer l'ensemble et trois semaines pour les fabriquer, ce qui porte le délai total à 30 jours : « La construction d'un bâtiment peut se faire par exemple pendant les vacances scolaires », ajoute le patron de Liberty-House. La rapidité de ces délais a pesé dans la balance car la mairie avait besoin d'aller vite pour ce projet : « Il fallait absolument remplacer le préfabriqué existant qui était vétuste, obsolète et inadapté. L'ancienne municipalité s'était engagée à le faire, mais elle ne s'en était pas occupée finalement. Les critères de sélection pour la nouvelle classe de maternelle reposaient donc sur l'aspect technique, le prix et les délais de réalisation », indique Serge Jacob-Julien. Le prix proposé a également joué en faveur de Liberty-House : « Nous avons été très étonné du prix. Le tarif annoncé s'alignait sur celui des autres candidats qui proposaient des modules de confection traditionnelle », mentionne l'édile. Le village a déboursé pour sa classe la somme de 200 000 €.

Une nouvelle usine à Troyes

La société attributaire ne cache pas avoir baissé ses prix pour gagner le marché (sur le site commercial de Liberty-House, le prix est fixé à 1100 € le m2). Et a offert, en sus, des petits lits en bois pour la sieste des enfants. « Nous souhaitons nous implanter durablement sur le territoire français », annonce André Bentzmann. Dans ce but, sa société a déjà acquis une seconde usine de fabrication de 10 000 m2 à Troyes, pour laquelle il a reçu une subvention de la région Champagne-Ardennes. Elle sera capable de fabriquer 1 000 modules par an en 2008 et 2 000 en 2009, contre environ 180 à l'heure actuelle pour l'usine allemande. « En passant d'une production artisanale à une production plus industrielle, nous pourrons proposer des prix plus compétitifs et nous serons concurrentiels avec le traditionnel », pronostique le sémillant patron. Quant aux idées reçues selon lesquelles le bois est moins solide qu'un matériau classique, il entend leur tordre le cou : « Le bois résiste parfaitement aux outrages du temps. Regardez les chalets, ils tiennent le coup, ils ne s'abîment pas ! Le bois est le meilleur isolant contre le froid et le chaud qui existe et c'est pourquoi il est très répandu dans les pays scandinaves », argue-t-il. Deux modèles de structures sont proposés dans le respect des normes HQE (haute qualité environnementale) : un modèle standard avec une isolation en laine de roche et un modèle plus écologique mais un peu plus coûteux dont l'isolation est en laine de bois. Pour les collectivités intéressées, précisons que Liberty-House s'engage à fournir et à installer gratuitement des panneaux photovoltaïques à tout projet de plus de 250 mètres carrés et à reverser un pourcentage de la somme donnée par EDF à ceux qui s'équipent de panneaux de ce type.

Site de Liberty-House :
www.residences-libertyhouse.com/site/index.html
(1) Lire : Achat de bois : les labels FSC et PEFC sur le même pied d'égalité contre l'avis des ONG
www.achatpublic.com/news/2007/10/5/AchatPublicBreveALaUne.2007-10-29.1528