L’Etat se met en ordre de bataille

  • 05/01/2008

Pour l’instant confidentiel, l’usage de la carte d’achat dans les administrations de l'Etat devrait connaître une sérieuse accélération en 2008-2009. Le ministère de la Défense, qui vient de lancer son marché, pilote dans la foulée un accord-cadre interministériel.

« On ne doit pas être complexé, mais on a dix ans de retard sur l’OGC » (1). En quelques mots, Thierry Papillon, membre de la Mission interministérielle France achats, a planté le décor à l’occasion de la 2e conférence annuelle de l’APECA qui se tenait en décembre 2007 à Paris. Selon lui, à peine un millier de cartes serait en usage au sein de l’Etat pour un volume de transactions inférieur à 20 millions d’euros. Autant dire une bagatelle par rapport aux chiffres annoncés de l’autre côté de la Manche (94 000 cartes, plus de 900 millions d’euros). Pourtant les choses commencent à bouger. Habituel voltigeur de la maison France, le ministère de la Défense a lancé un marché à bon de commande, publié le 19 décembre dernier, sans mini, ni maxi pour une durée de 14 mois, qui a pour objet de fournir des cartes à tous les services de la rue Saint-Dominique qui le souhaiteraient. L’aboutissement d’une réflexion menée par un trinôme au sein du secrétariat général de l’administration (SGA) - service des moyens généraux, direction des finances, et mission achats - suivie de plusieurs expérimentations sur le terrain entre 2006 et 2007. « Le bilan est positif, même si des problèmes ont été rencontrés », assure Hervé Horiot, de la mission achats, qui suit le dossier de près. Du coup, le déploiement à grande échelle démarre cette année. Mille cartes de niveau 3 sont prévues, ainsi qu’un petit volant (130) de cartes de niveau 1 (2).

Un galop d’essai avant le marché interministériel

Ce MAPA servira de « galop d’essai » en quelque sorte pour un deuxième marché, cette fois interministériel, lancé et notifié cette année, pour une mise en route espérée en 2009. Un dispositif en forme de poupée gigogne puisque l’expérience du premier marché sera capitalisée au profit du second. Car la Défense a pris soin de déminer le terrain. « Le succès passe par la phase d’exécution. Ce qui est compliqué, c’est l’utilisation, pas la passation du marché en lui-même », analyse Hervé Horiot, « c’est pour cela qu’on a réuni les comptables, les financiers, les différents maillons de la chaîne pour lister les points durs, identifier les problèmes et trouver des solutions. » La consultation interministérielle, cornaquée par la Défense en raison justement de sa connaissance du sujet, sera réalisée sous la forme d’un accord-cadre mono-attributaire qui fait l’objet d’un groupe de travail auquel participent sept ministères. Il a été jugé plus pertinent de sélectionner un seul opérateur pour tous les services de l’Etat. Le nombre de cartes est encore à l’étude, même si Thierry Papillon a avancé un plafond de 10 000 exemplaires. Chaque ministère doit pour le mois de mars définir ses besoins, aussi bien pour son administration centrale que pour ses entités déconcentrées, ce qui ne sera pas une mince affaire. « A la limite, le nombre de cartes n’est pas un indicateur pertinent. Ce qui compte au final, c’est le nombre de transactions effectuées », corrige Hervé Horiot. En tout état de cause, l’utilisation de la carte d’achat devrait passer un cap dans les vingt-quatre prochains mois. Ce n’est pas encore la méthode britannique, mais c’est un sérieux progrès.

(1) Office gouvernemental du commerce du Royaume-Uni, lire notre article dans ce dossier : la recette britannique
(2) La carte de niveau 1 fournit les éléments classiques d’une transaction (identité de l’acheteur et du fournisseur, montant de la transaction…), tandis que la carte de niveau 3 fournit des données plus bien détaillées (n° de commande, n° de facture, adresse de facturation, adresse de livraison…)