Quintin, une PME à la pointe du progrès

  • 05/01/2008

Nul besoin d'être une multinationale pour accepter la carte achats. Spécialisée dans la livraison de produits frais pour les crèches, le travail de la société Quintin mené avec la ville de Paris a porté ses fruits. Cette entreprise vient de décrocher un des premiers trophées décernés par l'APECA en décembre 2007.

Tradition peut rimer avec technologie. La société Quintin approvisionne, depuis plus de vingt-cinq ans, des structures franciliennes de petite enfance en produits frais (yaourts, fromages, fruits et légumes, lait, épicerie, produits bio). Basée à Rungis, cette PME (25 salariés, environ 5 millions de CA) réalise 90% de ses activités avec la sphère publique, en assurant des livraisons régulières toutes les semaines. Sollicité en 2006 par la ville de Paris dans le cadre d'une expérimentation de carte d'achat, son dirigeant, Pierre Quintin, ouvert aux innovations technologiques, ne tergiverse pas et donne rapidement son feu vert. En octobre, le programme démarre sur trois marchés distincts concernant 21 crèches. Au bout d'un an, quel est le bilan ? Environ 3000 transactions ont été réalisées, soit une moyenne de 143 transactions par établissement. Pour la crèche, la commande est simplifiée : il lui suffit d'indiquer le numéro de carte et sa validité, le nom du porteur, l'adresse de livraison, et le numéro d'engagement du marché. La création du compte client déclenche automatiquement les processus d'autorisation, la télécollecte vers la banque et la livraison des produits à l'établissement. Cerise sur le gâteau, Quintin propose un petit « plus » à ses clients grâce à un module qui, en temps réel, les informe sur l'état de ses dépenses par rapport au plafond autorisé. Un indicateur permettant soit de réduire leur consommation, soit de demander une rallonge.

Un investissement à ne pas mésestimer

Pour l'entreprise, le nouveau processus a pour principal avantage une gestion au quotidien moins fastidieuse. Car l'activité se caractérise par une profusion de factures de petit montant, dévoreuses de temps, de papier et d'énergie, qu'il faut trier et acheminer. Deuxième atout : une contraction des délais de paiement, réduits à cinq jours ouvrés. En raison d'un circuit assez compliqué entre les crèches et la mairie, la société doit attendre, en moyenne, 90 jours pour être réglée par la voie classique. Mais toute médaille a son revers. L'engagement de la société a impliqué des investissements. La mise à niveau de son logiciel de gestion, un produit conçu sur mesure pour répondre aux particularismes du « frais », lui a coûté la coquette somme de 23 000 euros. A quoi il a fallu ajouter un peu moins de 3000 euros pour la mise en service d'une plate-forme chargée de transmettre de manière sécurisée les données, les frais d'exploitation annuels d'environ 2400 euros sur une base de 500 transactions par mois, sans oublier naturellement la commission (2,4%) ponctionnée par l'opérateur bancaire sur le montant des transactions. Conséquence de quoi, la carte n'est pas aussi avantageuse pour le fournisseur qu'on veut bien le dire communément. Néanmoins Vincent Denais, chef de projet carte achat chez Quintin, se dit confiant pour l'avenir. La démocratisation de l'usage de la carte devrait permettre de revoir ces coûts à la baisse. La PME, qui n'a pas négocié au départ le taux de commission, escompte bien en discuter la prochaine fois.

Après Paris, le Val-de-Marne

Les retours sont-ils à la hauteur des espérances ? Pas complètement, à en croire Vincent Denais dont la société pensait que le déploiement de la carte se ferait un peu plus vite dans la capitale. L'élargissement aux 400 crèches de la ville de Paris, prévu en 2008, changerait la donne puisqu'il déclencherait entre 8 et 10 000 transactions trimestrielles. Signe encourageant, l'expérience parisienne a permis à la société Quintin de signer avec le conseil général du Val-de-Marne le recours à la carte pour dix-neuf établissements (environ 1200 transactions/mois) avant une généralisation dans les six mois qui suivront. Le fournisseur de produits frais estime donc ne pas avoir perdu son temps. Il est maintenant prêt à répondre aux demandes de ses clients. « Comme le dit notre PDG, il vaut mieux être en avance qu'en retard ». Et elle n'omet jamais de préciser quand elle répond à un appel d'offres qu'elle accepte la carte d'achat, même si le « frémissement » se fait attendre. … « C'est logique, dès que l'on parle carte achat, les collectivités pensent avant tout aux fournitures de bureau. A nous de nous promouvoir l'outil dans notre secteur », conclut Vincent Denais.