
La lettre d'achatpublic.info n°339
Ce matin, j'ai poussé la porte du Bar de la plage, repaire des acheteurs publics du quartier. Au comptoir, deux d'entre eux - de vieux habitués - attaquaient la journée avec une mirabelle goûteuse (un distillateur de Saint-Maurice-sous-les-Côtes dans la Meuse). Tout en sirotant un déca (apocope assez commune), j'ai écouté le premier apostropher le second. Il n'était ni question de l'explosion de la dette publique (1591 milliards d'euros), ni du remaniement copernicien, ni des noces prochaines de Willie et Katie. Non, rien de tout cela. Les biles s'échauffaient à cause de Smirgeomes (qui n'est pas une marque d'ouzo ou de vodka). Ecarlate, les veines du cou saillantes, la mèche furibarde, le quidam postillonnait de rage contre une décision de TA. « Tu t' rends compte, le juge d' l'excès de pouvoir a reconnu la qualité à agir d'un élu contre sa propre collectivité. Et tu sais quoi ? A cause des mentions concernant les voies de recours qu'ont pas été remplies dans l'AAPC ! Chez les zozos, y a pas que Borloo ! Même qu'un avocat a dit que c'était un jugement tordu, pas moins que la recette pour détourner Smirgeomes… » (lire notre article). Profitant de l'aposiopèse, son collègue a tenté de calmer le jeu. « T'énerves pas, tu t'fais du mal. Moi, j'ai une super info. Et du Conseil d'Etat, siouplaît. Je te la fais courte. Un ministère écarte la candidature d'une entreprise parce qu'elle n'avait pas donné satisfaction dans de précédents marchés. Et pan, la boîte attaque. Ecoute bien : le juge a reconnu que le manquement était incontestable. Sauf que la faute n'a pas lésé l'entreprise parce la société, en redressement judiciaire à ce moment là, n'avait pas le droit de candidater. Du pur Smirgeomes, j'te dis. » (lire notre article). « Ouais, ben moi je dis qu'on continue à nous irriter la couenne. T'es au courant ? Un collègue breton s'est fait planter un marché à cause d'une visite de site pas prévue dans le RC. Il en organise une pour deux entreprises qui n'avaient pas pu venir à la première, et pan. Et dire qu'on nous demande d'élargir la concurrence ! » (lire notre article). Son collègue a vidé son verre et changé de sujet: « en tout cas moi, l'année prochaine, j'ferai comme Nantes Habitat et le ministère de la Défense, je déposerai un dossier pour gagner le Trophée de la commande publique. » (lire notre invité du jeudi et notre info). Bon allez, avant d'en terminer avec cet édito apode, je salue une dernière fois un collègue en partance, chambreur de première classe, volontiers hydracide et turlupin, mais humaniste notoire même si les quatre premières lettres de son prénom ramènent aux heures les plus noires de notre histoire. Il nous manquera. A la semaine prochaine.
Jean-Marc Binot
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