La lettre d'achatpublic.info n°434
J'étais invité mercredi soir à l'élection de Miss Contrat 2012. Pour la peine, je m'étais fait beau, douché, rasé de frais, j'ai même changé de chaussettes et ciré mes chaussures. Le théâtre parisien huppé où se déroulait la cérémonie était bondé de germanopratins people - prononcez pipeul – qui se gobergeaient à peu de frais de petits fours et de champagne. Allez savoir pourquoi, le comité d'organisation avait décidé de choisir comme président du jury une star du cinéma, très célèbre au Japon. Les critères de sélection étaient clairement affichés. La reine de la soirée serait à la fois très séduisante économiquement et impeccable juridiquement. En bikini, les candidates commencèrent à défiler, pleines de grâce. La première en lice, Miss dialogue compétitif, aux mensurations dignes d'Aphrodite, avait été sélectionnée par plusieurs dizaines d'hôpitaux pour un groupement de commande national décliné en plusieurs groupements d'achats locaux, lancés par vagues, pour la gestion des déchets médicaux. Cette sublime déesse auburn avait des arguments de poids, en affichant 25% d'économies (lire notre article). Lui succéda Miss Facility Management, chargée d'exploiter 11 bâtiments des services de l'Etat disséminés sur 55 000 m2 à Orléans. Elle n'avait que 7% de gains financiers à faire valoir (lire notre article), mais ses yeux émeraude hypnotisèrent l'assistance. Taille mannequin, Miss PPP traversa alors la scène en se déhanchant. Cette magnifique marseillaise aux proportions idylliques, retenue pour la rénovation du Stade vélodrome, fit preuve de finesse d'esprit et de compétence. Questionnée par les jurés, elle insista sur la nécessité pour la personne publique d'être particulièrement vigilante au moment du transfert de la maîtrise d'ouvrage (lire notre invité). La concurrente suivante, Miss RC, avait fait parler d'elle au conseil d'Etat en indiquant qu'un soumissionnaire ne pouvait conquérir plus de trois lots (lire notre article). Très attendue, Miss directive, nimbée de son écharpe bleue étoilée, fit son apparition tel un ange : chacun se demandait si elle parviendrait, juste après avoir fait l'unanimité à Bruxelles entre les Etats membres (lire notre article et notre info), à susciter le même engouement parmi les jurés. Mais c'est finalement Miss carte d'achat, une blonde comac à la bouche pulpeuse et au tour de poitrine affriolant, parvenue à subjuguer l'Etat grâce à un volume d'affaires multiplié par trois et un nombre de transactions multiplié par quatre (lire notre article), qui fut couronnée. Bon allez, il est grand temps de quitter Vénus pour redescendre sur Terre. Les contrats qui ont la beauté extérieure servent de modèle, ceux qui n'ont que la beauté intérieure servent d'exemples. A la semaine prochaine, peut-être...
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