La lettre d&amp;#039;achatpublic.info n°561

La lettre d'achatpublic.info n°561

Editos

 09/10/2015

Plus belle la commande publique, saison 2, épisode 9 - Lorsque Jean-Aymar Desmapas fait son apparition dans les bureaux de la direction de la commande publique de Pichade-sur-Mer, c'est la stupeur. Soutenu par deux policiers municipaux, le cadre territorial, dépoitraillé, le cheveu hirsute, l'œil cave et hagard, la chemise italienne de marque en lambeaux, a perdu de son habituelle superbe. « Ben chef, qu'est-ce que vous arrive ? On vous croyait parti en vacances aux antipodes avec Air France … », questionne René Gaussy, chargé des avenants. « J'ai été séquestré et molesté par un collectif de fournisseurs en colère. Cette bande de mastiff déchaînés m'a traité de tous les noms et accusé de tous les maux. J'ai reconnu le concessionnaire local qui m'a reproché, avec un regard torve, d'avoir acheté des Volkswagen diesel à une centrale. Il y avait aussi un éditeur informatique, déjà ulcéré par l'annonce du plan démat gouvernemental (lire notre info), qui ne comprend pas pourquoi on ne passe pas 80% de nos MPS comme à Poitiers (lire notre article). Et puis l'entrepreneur de BTP, Gaspard Pain, qui a exigé qu'on mette au point des mémoires techniques types et qu'on reconnaisse l'apprentissage comme un élément d'une clause sociale, ainsi que le préconise la CAPEB (lire notre invité du jeudi). Sans oublier un challenger gazier qui veut du volume et qui m'a écharpé parce qu'on n'a pas suivi l'exemple des lycées chtimis avec un appel d'offres groupé (lire notre article) », narre le responsable des achats, avec des tremolo dans la voix, limite tremblante du mouton. « Pas grave chef, ne vous faites pas de bile, on va se tourner vers les entreprises adaptées. Dans ce secteur, il y a de vraies pépites (lire notre article) », lui répond son collaborateur pour tenter de le rassurer. « Ce n'est pas la seule chemise que va perdre notre beau directeur… Choisir un AMO, ancien salarié de la société attributaire pour le dernier marché de voirie, ça sent le conflit d'intérêts. Je l'ai pourtant prévenu que la question est examinée par le Conseil d'Etat en ce moment (lire notre article) », glisse en catimini la perfide juriste Anne-Marie Layat-Tolat du Caude, en train de feuilleter l'analyse d'Alain Ménéménis sur la jurisprudence je-me-réserve-le-droit-de-négocier (lire la chronique). « Les tragédies des autres sont toujours d'une banalité désespérante ». Bon allez, je vous quitte sur cet aphorisme d'Oscar Wilde, amoureux, comme moi, du coq et du trèfle. A la semaine prochaine, peut-être.