
Ludovic Myhie, acheteur passé de l’autre côté de la barrière
Le temps des carrières linéaires, comme au temps de bon papa, semble révolu. Pour preuve le parcours de Ludovic Myhie. Trentenaire, ce juriste de formation, acheteur au CNFPT et au Centre des monuments historiques, a choisi de passer dans le privé comme consultant, histoire de faire le tour du métier avec des angles de vue différents.

Début septembre, Ludovic Myhie, juriste de formation et acheteur public, a rejoint le cabinet CKS, spécialisé dans le consulting et la formation de la fonction achats, pour prendre en main le secteur public. La (jeune) carrière de ce trentenaire, natif de Wissembourg – pour ceux qui l’ignorent encore, une belle victoire du général Hoche en 1793 – montre la soif des nouvelles générations de praticiens de mettre entre parenthèses les frontières, souvent hermétiques, qui existaient entre la sphère publique et le monde privé. Ludovic Myhie est pourtant un pur produit de l’université française avec un parcours classique en droit public - maîtrise à Cergy-Pontoise - rehaussé d’un DESS de contrats publics à Epinal en 2003. Un cursus motivé « par la complexité de la matière contractuelle », assure-t-il, sans ciller. On imagine que de côté-là, il aura été gâté… Ludovic Myhie a été marqué (dans le bon sens du terme) par son passage dans les Vosges. « C’était très formateur, car on forçait d’entrée de jeu les étudiants à se comporter comme des professionnels ». D’ailleurs, à la fin de son stage précédent la soutenance, son organisme d’accueil, le CNFPT, lui propose de l’embaucher. Mission : créer un pôle d’expertise juridique. Jusqu’ici, chaque direction de l’établissement national avait en son sein quelqu’un qui s’occupait « de façon décousue » du droit. A lui de fixer une politique nationale d’achats et plus prosaïquement de rédiger un règlement des achats de la maison, de l’appliquer, et de gérer les éventuels contentieux.
CNFPT et CMN
« Un beau challenge », admet Ludovic Myhie, seul pour accomplir sa tâche, même s’il travaille en relation avec le service marchés. « Mais le mandat était clair, et j’avais l’appui de la direction. On était dans une situation particulière, avec les réformes successives du Code, de 2001, puis de 2004. Il fallu convaincre tout le monde de mettre en concurrence, surtout par rapport à ce qu’on appelait les MSFP, de les convaincre qu’une procédure ne serait pas un frein.» Les achats de formation, cœur de métier, font évidemment partie du lot. « On a réfléchi sur comment mettre en concurrence, avec quelles modalités, en s’inspirant d’autres pratiques. On a essayé beaucoup de choses, y compris le système de référencement. » En 2005, il passe avec succès le concours d’attaché territorial. Le pôle juridique grandit, l’aspect conseil de la fonction explose, tout comme la partie « contentieux », explorée sous toutes ses facettes. Malgré tout, il décide de faire une petite infidélité au CNFPT au printemps 2008, en devenant le chef du département des achats du Centre des monuments nationaux (CMN). « Mon poste était très bien, mais je voulais voir comme cela se passait ailleurs. Une direction achats, c’est intéressant, surtout avec la démarche économique », argumente-t-il. Cependant, la chaussure ne convient pas à son pied. « Il y avait un problème d’organisation, de sous-dimensionnement de la direction. En fait, je comblais les manques dans l’équipe. Ce n’était pas tenable. »
Encyclopédiste de l’achat public
Conséquence : sept mois plus tard, il revient au CNFPT, lequel, de toute façon, n’avait pas réussi à lui trouver un remplaçant. Néanmoins, il ne regrette pas le passage dans un établissement public d’Etat. Une expérience différente, avec l’application du Code dans un secteur très particulier, l’urgence permanente et l’intervention du politique, sans oublier des marges de manœuvre beaucoup moins importantes que dans le secteur territorial. Hyperactif, Ludovic Myhie, enseignant en droit des contrats publics, à l’Institut du management des achats (IMA) du pôle Léonard de Vinci et également au Master 2 d’Epinal, lance un site, « juris-connect », projet d’encyclopédie sur l’achat public. « L’idée de base, c’est que la responsabilité pénale est la même pour tous, alors que tout le monde n’a pas l’accès à l’information », explique-t-il. Un passe-temps chronophage. « Deux heures quotidiennes pour le mettre à jour, pris sur mes nuits », poursuit-il en souriant. « De toute façon, cela me permet de rester au fait de l’actualité ». En septembre 2010, il décide d’ajouter une nouvelle corde à son arc. Le voilà passé du côté de l’autre côté de la barrière, en intégrant le cabinet CKS. Le mariage n’est pas fortuit. Ludovic Myhie faisait en effet déjà partie du pool de formateurs du cabinet depuis plusieurs années. L’agence voulait renforcer son expertise juridique marchés et donner un coup d’accélérateur au chiffre d’affaires de la partie secteur public, qui compte parmi ses clients la mairie de Paris, les Voies navigables de France ou encore le ministère de l’Intérieur.
Un pont entre deux mondes
Ludovic Myhie n’a pas raté l’occasion et a pris une disponibilité. « J’essaie de m’ouvrir à différents horizons avec d’autres approches, de faire le tour de la fonction achats en élargissant ma vision. C’est un autre challenge à relever puisque je quitte une situation de confort.» A lui le soin de répondre aux appels d’offres - ce qui n’est pas une mince affaire, comme il a pu s’en rendre compte - de faire de la prospection, de gérer les formations, et de « driver » les consultants moins férus que lui en matière de pratiques d’achat public et d’arcanes contractuelles. Le mois qu’il a vécu dans le privé a déjà transformé sa vision des opérateurs économiques. « Un acheteur public a des relations contractuelles avec une entreprise, mais il ne connaît pas ses contraintes, ni son mode de fonctionnement. » Il comprend désormais sans doute un peu mieux que certaines demandes ou exigences des pouvoirs adjudicateurs puissent paraître décalées ou incongrues. Le néo-consultant, qui envisage peut-être un jour de devenir avocat, apprécie d’être « un pont entre deux mondes » à double titre. Puisque sa société s’occupe aussi d’achat privé. « Il y a des démarches dont on peut s’inspirer pour l’achat public. La réciproque est d’ailleurs vraie, par exemple dans le domaine de l’achat durable. »


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