« La spécialité spectacle culturel ne justifie de ne pas se soumettre au Code des marchés publics », vient de rappeler Nicolas Boulouis au Conseil d'Etat (lire notre info). Au contraire, serait-on tenté de dire. Car la commande publique renferme un subtil mélange de commedia dell'arte, de tragédie grecque, de pantomime et de Feydeau. Acte 1, scène 1, la mairie de Mons-en-Baroeul, shakespearienne dans l'âme, déclame, en soulevant un crâne de MAPA : négocier ou ne pas négocier, telle est la question, alors pourquoi la mentionner dans le RC ? La tirade a déplu au tribunal administratif, qui a annulé le marché (lire notre article). Acte 1, scène 2, la France - loin de bayer au corneilles et de prendre racine - souffle à la Commission européenne qu'il serait bon de faire de la procédure négociée et du dialogue compétitif une procédure de droit commun dans les prochaines directives (lire notre article). Sera-t-elle entendue ? « Il en est comme de ces beaux songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus ». Acte 2, scène 1. Le Grand Lyon brûle les planches, avec son allotissement géographique assorti d'un tirage au sort. Amateur du répertoire, le juge valide la représentation (lire notre article). Acte 2, scène 2. Quelle incidence les échantillons peuvent-ils avoir sur le choix du co-contractant ? C'est la pièce à l'affiche au Palais-Royal. D'où il ressort qu'il ne faut pas confondre sous-critères et méthode de notation (lire notre article). Acte 3, scène 1. La CCMP dévoile son rapport, dans lequel elle rend public les conseils distillés à nombre de marchés dont vous n'avez pas entendu parler (lire notre invité du jeudi). « O combien d'actions, combien d'exploits célèbres. Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres. » Acte 3, scène 1. Le mode de financement du service des ordures ménagères impacte directement l'exécution du marché, voici la leçon (à la Eugène Ionesco) de notre sourcing du mois (...lire). Acte 3, scène finale. La compagnie des PPP fait un four à l'hôpital Sud Francilien : la mise en scène, les décors (de Roger Hart) et les costumes (de Donald Cardwell) pharaoniques, ne sont pas du goût du public (lire notre article). Bon allez, le rideau tombe. Chers acheteurs publics, toujours sur la Brecht, nous voilà parvenus au terme de cet édito théâtral, bavardage imprudent comme dirait Goldoni, réservé aux enfants du paradis. En attendant Godot, je vous incite à (re)lire le journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau. A New-York ou à Cannes, c'est bougrement d'actualité.

Jean-Marc Binot

Lire la newsletter...