La lettre d'achatpublic.info n°438

  • 18/01/2013
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Les traditions sont faites pour être respectées. Tous les ans, à l'approche du 21 janvier, je pousse la porte de la boucherie Sanzot pour commander une tête de veau, commémoration exquise de la décollation du sieur Capet. La sonnette tintinnabule et le maître de céans, replet à souhait, triple menton et tablier blanc de rigueur, apparaît, hachoir à la main. Amateur de calembours, le jovial commerçant attaque, bille en tête, bien décidé à me tailler une bavette : « Comment allez-vous ? Toujours à commenter des jarrets du Conseil d'Etat ? ». Après avoir esquissé un sourire bovin, je lui réponds que le rapporteur public au Palais-Royal a suggéré de désosser une décision de CAA à propos d'une décision illégale d'une CAO (lire notre article). « En ce moment, ça sent le pâté pour les fournisseurs », lui dis-je. Les juges suprêmes ont validé la possibilité pour le pouvoir adjudicateur de prévoir dans le CCAP que le marché pourra être résilié sans indemnité et à tout moment (lire notre article). Je continue sur ma lancée : « Jusqu'ici, envoyer une entreprise à l'abattoir parce qu'elle avait mal exécuté un précédent marché, finissait souvent en jus de boudin. On a recueilli le témoignage de la mairie de Paris dont la démarche a été récemment adoubée par le juge du référé précontractuel (lire notre article). Et nous avons aussi publié une ordonnance de TA, plutôt saignante, sur la négociation. La personne publique a envoyé aux candidats une simple lettre leur demandant soit de confirmer leur offre, soit de renvoyer un nouveau BPU et une simulation de commandes» (lire notre article). « Vous en avez fait un entrefilet mignon ? », glisse le loucherbem, décidément hilarant. Je m'esclaffe poliment et poursuit : « je ne sais pas ce que vous en pensez, mais les propos d'Emmanuel Djian, représentant de Syntec Ingénierie, qui dénoncent la tentation du moins-disant, ça me saisit aux tripes » (lire notre invité du jeudi). « J'ai surtout remarqué ce rapport de la CRC des Pays de la Loire sur les marchés fractionnés. Le saucissonnage, ça fait du tort à la profession », me répond l'attendrisseur de bidoche (lire notre article). Bon allez, j'arrête de gigoter. Cet édito, c'est décidément de la daube. A la semaine prochaine, avec un peu de chance...

Jean-Marc Binot (agneau-stique)