La lettre d'achatpublic.info n°456

partager :

Le moral du maire de la petite commune d'Aiguilles-en-Queyras (427 habitants), dans les Hautes-Alpes, est sans doute à l'image du temps désespérant que la météo nous inflige depuis des semaines : dans les chaussettes, ou plutôt dans les patins, pourrait-on dire sans mauvais jeu de mots. Car c'est une patinoire artificielle, acquise sans publicité ni mise en concurrence (421 000 € tout de même), qui l'a plongé, à l'insu de son plein gré, en pleine tourmente judiciaire. Au tribunal correctionnel, le procureur a requis douze mois de prison avec sursis et la privation des droits civiques durant un an contre l'élu qui plaide son inexpérience et sa méconnaissance des marchés publics pour expliquer son geste. Le ciel va-t-il lui tomber sur la tête ? Le verdict est attendu pour juin (lire notre article). Pareille infortune paraît peu envisageable pour une grande ville comme Saint-Ouen (93). Capitaine du vaisseau de la commande publique, François Villette porte son regard bien au-delà de la simple question de la sécurisation des procédures, notion quelque peu dépassée pour lui, et lorgne du côté des terres inexplorées du management des achats vers lesquelles il entend mener ses troupes (lire notre article). La commune de Mouans-Sartoux s'est elle aussi aventurée sur un domaine que peu d'acheteurs ont encore foulé : celui de la mise en concurrence de l'électricité. L'herbe y semble verte, de la couleur de l'électricité que la commune a choisie de consommer, produite à partir d'énergies renouvelables. De fait, les excursionnistes étant encore peu nombreux dans ces vierges contrées, et les opérateurs, tout à la fois peu aguerris et disposés à ravir le marché au voisin, le terrain est propice aux acheteurs publics (lire notre article). Du côté de l'Atlantique, le chemin escarpé et épineux de la ville de Royan semble s'ouvrir sur l'herbe tendre d'une salutaire conclusion du rapporteur Bertrand Da Costa. Le conseiller d'Etat propose de rejeter la demande d'un candidat évincé de condamner la ville à lui payer plus de 1,3 M€ pour perte de chance sérieuse de l'emporter (lire notre info). Toute aussi heureuse conclusion pour le ministère de l'Intérieur qui peut poursuivre son chemin paisiblement. Attaqué par l'entreprise Armor Lux, devenue célèbre depuis qu'un certain ministre s'est fait prendre en photo portant l'une de ses marinières, la place Beauvau a reçu l'absolution du TA de Paris, concernant sa procédure de dialogue compétitif pour le marché des vêtements et accessoires de la police nationale (lire notre article). Voilà, cet édito touche à sa fin, et pour mettre un soupçon de couleurs dans la grisaille de cet hiver indien qui n'en finit pas, rapportons cette remarquable pensée du non moins remarquable Pierre Dac : « Il vaut mieux qu'il pleuve aujourd'hui plutôt qu'un jour où il fait beau »