La lettre d'achatpublic.info n°495

  • 11/04/2014
partager :

Mardi après-midi, j'ai présenté mon discours de politique éditoriale à l'ensemble de la rédaction. Depuis plusieurs jours, je m'étais préparé, entraîné. J'avais peaufiné mon discours, soupesé chaque mot, chaque phrase. J'y pensais tous les jours en me rasant, je répétais devant ma glace. L'instant était crucial car j'avais déposé la question de confiance. J'ai adopté un style volontairement « gaullien » en préambule : « Trop de souffrance et pas assez d'espérance. Telle est la situation de la commande publique française. Et c'est conscient de cette réalité que je me présente aujourd'hui devant vous. Les lecteurs nous regardent. Ils attendent beaucoup de nous. Et mon devoir, c'est de me hisser à la hauteur de leurs exigences. Le journal est à un moment de son histoire où il faut se concentrer sur l'essentiel. Dire l'essentiel pour retrouver l'essentiel. Tel sera mon propos. Et l'essentiel c'est la petite révolution déclenchée par l'arrêt Tarn-et-Garonne ouvrant le recours Tropic aux tiers (lire notre article). J'en ai la certitude, la France de l'achat public sera forte si elle est juste. C'est pourquoi la chronique d'Alain Ménéménis a mis l'accent sur la recherche d'une solution équilibrée par le Conseil d'Etat : il ne suffira pas d'avoir intérêt à agir contre une décision administrative pour être recevable à contester la validité d'un contrat en rapport avec elle (lire la chronique).» J'ai enchaîné ensuite dans un registre plus « mendésiste » : « la réalité est là, il faut la regarder sans trembler. Le pire serait de fermer les yeux. Nous dirons donc la vérité à nos lecteurs. Nous leur devons. Notre quotidien les informera, qu'il s'agisse de la fin de plus en plus proche des tarifs réglementés de gaz et d'électricité avec un dispositif transitoire prévu pour les pouvoirs adjudicateurs retardataires (lire notre article) ou de la guerre des prix des marchés de prestations juridiques (lire notre article). La sincérité, c'est aussi expliquer. Comme le fait si bien la ville de Narbonne avec son mode d'emploi destiné aux entreprises (lire notre article). Cessons enfin de focaliser sur la seule passation ! Pas de marchés publics sans exécution ! Voilà pourquoi l'évaluation des fournisseurs se taille, cette semaine, la part belle (lire notre invité du jeudi). » Ma conclusion a été dithyrambique : « ne rétrécissons pas l'achat public, ne rétrécissons pas ses rêves alors que la directive décadenasse les frontières des centrales d'achat (lire notre article).» J'ai obtenu aisément l'unanimité. Mais il faut avouer que je n'avais pas encore signé les demandes de RTT. Bon allez, je vous laisse, car tout guerrier a besoin de repos. Comme le chantait le grand Jacques, une valse à quatre temps, une valse à vingt ans, c´est beaucoup plus troublant, mais beaucoup plus charmant qu´une valse à trois temps. A la semaine prochaine, peut-être...

Jean-Marc Binot