TCP 2021 - "Pour des blanchisseries hospitalières écoresponsables"

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Achetez français ! Ainsi, les eaux usées rejetées par les blanchisseries hospitalières ne seront plus polluées par le chrome ou les hydrocarbures qui entrent dans la constitution de l’apprêt utilisé pour la fabrication du linge neuf importé d’Asie. En attendant que les Chinois gardent leurs polluants et que nous soyons capables de faire travailler plus facilement les entreprises françaises, une solution existe, développée par UniHA avec le concours de la blanchisserie inter-hospitalière Loire Sud de Saint-Étienne.

Avec plus de 8 000 tonnes de linge traité chaque année, la blanchisserie inter-hospitalière Loire Sud de Saint-Étienne (GCS BIHL Sud) est la cinquième plus grosse blanchisserie hospitalière de l’hexagone. « Notre groupement de coopération sanitaire regroupe huit adhérents dont le CHU de Saint-Étienne, indique Jérémy Bucia, 95 000 pièces sont expédiées chaque jour pour assurer l'approvisionnement de l'ensemble des adhérents en linge propre pour les patients et le personnel ».

Les eaux sont polluées par les matières qui rentrent dans la constitution de l’apprêt utilisé lors de la fabrication des textiles lorsque le linge neuf est importé d'Asie

Partageant son temps entre la centrale d’achat UniHA pour laquelle il est acheteur et la blanchisserie inter-hospitalière Loire Sud dont il est responsable, Jérémy Bucia est particulièrement fier du Trophée de la commande publique décroché dans la catégorie achat durable : « L'écoresponsabilité est aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique, et réalisant les achats de linge de plus de 280 établissements hospitaliers publics, UniHA a décidé de donner une nouvelle dimension environnementale lors de la relance des marchés de linge hospitalier en suivant deux axes prioritaires, souligne-t-il, proposer un marché réellement éco responsable pour le linge neuf et garantir aux utilisateurs un niveau de qualité et de sécurité sanitaire élevé».

Le constat dressé par la centrale d’achat est en effet navrant, en particulier sur la phase de lavage de ces textiles : « Les substances rejetées dans les eaux usées des blanchisseries hospitalières sont loin d’être neutres, déplore Jérémy Bucia, ces eaux sont polluées par les matières qui rentrent dans la constitution de l’apprêt utilisé lors de la fabrication des textiles lorsque le linge neuf est importé d'Asie ». Ce sont notamment du chrome et des dérivés d’hydrocarbure qui se retrouvent dans la nature !
 

Qualité et sécurité sanitaire


Garantir aux utilisateurs de linge hospitalier qu'il n'y ait aucune substance chimique dangereuse est le deuxième axe poursuivi par UniHA : « Pas de colorant cancérigène ni de perturbateur endocrinien afin de garantir un niveau de qualité et de sécurité sanitaire élevés pour l'agent hospitalier qui va porter son vêtement de travail toute la journée, souligne Jérémy Bucia, mais aussi pour le patient qui vient se faire hospitaliser et qui va porter lors de son opération une chemise chirurgicale ou s'allonger sur un drap pour une consultation ».
Avec des volumes annuels de près de neuf millions d'articles textiles, l’acheteur d’UniHA a conscience que l'impact de ces achats n'est pas neutre sur les ressources naturelles. « Nous avons donc voulu proposer dans tous les nouveaux marchés de la filière des articles textiles responsables qui, lorsqu'ils sont traités en blanchisserie hospitalière, ne rejettent pas de substances nocives et nuisibles dans l'environnement, surtout lors du premier lavage ».
Tous les trois mois, les blanchisseries hospitalières qui traitent quotidiennement plus de cinq tonnes de linge ont l’obligation de faire effectuer des prélèvements sur les eaux de rejets par un organisme extérieur agréé. « De ces ambitions environnementales, nous avons voulu également supprimer les problèmes de certains utilisateurs sensibles qui pourraient développer des formes d'allergies ou d'intolérances liées entre autres aux perturbateurs endocriniens, précise Jérémy Bucia, ainsi ces articles textiles n'auront aucun impact sur les utilisateurs et éviteront le développement de rougeurs cutanées dues aux perturbateurs endocriniens, ou autres allergènes, voire cancérigène du fait de certains colorants textiles ».
 

Pour les Chinois, ça va être difficile de passer à travers


Avec Géraldine Besson, l’assistante achat de la filière Blanchisserie d’UniHA, Jérémy Bucia a conduit une enquête auprès de plusieurs blanchisseries hospitalières traitant plus de cinq tonnes par jour d'articles textiles : « Nous avons également participé aux commissions organisées par l'Union des Responsables de Blanchisserie Hospitalières, et les groupes d'experts lors de relance de marché, nous avons eu également de nombreux échanges avec le CTTN-IREN (Institut de Recherche sur !'Entretien et le Nettoyage) concernant la recherche des substances dangereuses ».

Nous avons été ambitieux en imposant un label international, ou équivalent, une certification des qualités sanitaires et écologiques des textiles et garantissant l'absence de produits toxiques pour le corps et pour l'environnement, ainsi que la responsabilité sociétale des entreprises

Le responsable de la blanchisserie inter-hospitalière Loire Sud insiste sur un niveau élevé d’exigences : « Nous avons été ambitieux en imposant un label international, ou équivalent, une certification des qualités sanitaires et écologiques des textiles et garantissant l'absence de produits toxiques pour le corps et pour l'environnement, ainsi que la responsabilité sociétale des entreprises ».

Également au programme, un critère Développement Durable dans l'appel d'offres, intégrant des exigences sur les engagements des candidats en matière environnementale, notamment sur les sources d'approvisionnement, la logistique et le recyclage textile. « Pour chaque marché d'articles textiles, des tests sur les échantillons seront effectués par un laboratoire externe indépendant ».

En attendant, les résultats sont au rendez-vous et Jérémy Bucia s’en frotte les mains : « La blanchisserie inter-hospitalière Loire Sud de Saint-Etienne était taxée à hauteur de plus de 20 000 € sur ses eaux de rejet, mais l’an dernier, grâce à l'application des nouveaux critères d’UniHA pour nos marchés d'achat de linges, la taxe s’est élevée à… 0 € ! »

Écologie peut rimer avec économies et, au risque de nous répéter, éco-responsabilité rime avec “achetez français” ! Sans compter qu’avec un coût du container passé en quelques mois de 1 500 $ à 17 000 $, le seul argument du moins-disant a pris du plomb dans l’aile…

Pour les industriels chinois qui se moquent de l’éco-responsabilité comme de leur premier virus, ça va être difficile de passer à travers !