
Le B.A.-BA de l’achat : L’exigence environnementale dans les marchés publics
Le critère prix n’est plus maître ! Les enjeux de développement durable prennent de plus en plus de place lors de la passation et l’exécution des marchés publics. La loi Climat et résilience et le Plan national pour des achats durables (PNAD) 2022-2025, obligent aujourd’hui les acheteurs publics à se préparer aux obligations de demain. En effet, par l'effet de la loi « Climat et Résilience » de 2021, les acheteurs publics auront l'obligation, à compter du 22 août 2026, d’intégrer des considérations environnementales au stade de la passation, mais également au stade de l’exécution du marché.

Quelles sont les exigences environnementales dans les marchés publics ?
- Loi n° 2015-992 du 18 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte : « La commande publique durable est mise au service de la transition vers l’économie circulaire » dispose-t-elle. Cette loi modifie le SPASER pour lui intégrer une dimension écologique ; cet outil préalablement créé par la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire, n’avait jusque-là qu’une dimension sociale et s’appelait SPASR.
- En 2018 plusieurs dispositions sectorielles en faveur de l’environnement ont été consacrées : dans le domaine de la restauration collective, la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018, connue sous le nom d'« EGALIM », impose que les repas soient composés d'au moins 50 % de produits durables et de qualité, ainsi que 20 % de produits issus de l'agriculture biologique. Parallèlement, dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018, intitulée « ELAN », impose l'utilisation de matériaux et de techniques plus écologiques et responsables.
- Loi n° n° 2021-1104 du 22 août 2021 « Climat et Résilience » : elle affirme que « la commande publique participe à l’atteinte des objectifs de développement durable, dans leurs dimensions économique, sociale et environnementale » (article L.3-1 du code de la commande publique). Cette loi illustre un tournant majeur en matière d’achat durable : à partir du 22 août 2026, les acheteurs et les autorités concédantes sont dorénavant tenus de retenir au moins un critère environnemental et une clause environnementale pour tous les marchés publics supérieurs aux seuils européens.
- Le Plan national pour des achats durables 2022-2025 : Il énonce un objectif clair. D’ici 2050, tous les marchés publics comprendront a minima une considération environnementale et 30% avec une considération sociale.
- Loi n° 2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l'industrie verte : il est désormais possible d’exclure les opérateurs économiques ne satisfaisant pas à l'obligation d'établir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre (BEGES) et/ou ne respectant pas leurs engagements de publication d'information en matière de durabilité. Ces dispositions imposent également la rédaction d’un SPASER pour tous les acheteurs publics soumis au Code de la commande publique avec un montant total annuel des achats supérieur à 50 millions d'euros H.T
Comment intégrer une exigence environnementale au stade de la passation d’un marché public ?
Pour rappel, à partir du 21 août 2026, les acheteurs publics seront tenus d'intégrer, dans leurs appels d'offres, au moins un critère tenant compte des « caractéristiques environnementales de l’offre » (futur article L. 21527 du Code de la commande publique).
Qu'est-ce qu'un critère environnemental ? Il s'agit d'un paramètre que l'acheteur inclut dans son appel d'offres pour évaluer les impacts environnementaux des offres faites par les candidats. Ce critère vise à promouvoir des offres plus respectueuses de l'environnement et à orienter les marchés publics vers des choix plus durables.
Quelles sont les conditions ?
- Lien direct avec l'objet du marché : Le critère environnemental doit être directement lié à l'objet du marché, c'est-à-dire qu'il doit concerner les caractéristiques du produit, du service ou des travaux visés.
- Caractère objectif et précis : Le critère environnemental choisi doit être objectif, mesurable et ne doit pas favoriser un opérateur économique ou une catégorie d'opérateurs en particulier. Il doit également être suffisamment précis.
- Pondération par rapport aux autres critères : Le critère environnemental intégré à l'appel d'offres doit être adapté à la nature et à l'importance du marché. Il ne doit pas créer une charge disproportionnée pour les candidats ni rendre leur participation difficile.
- Recourir au coût du cycle de vie plutôt qu'au prix : Un critère « coût du cycle de vie » peut être utilisé à la place du traditionnel « prix », sans qu'il soit nécessaire d'ajouter obligatoirement un critère environnemental. Ce concept prend en compte des éléments au-delà du simple coût d'acquisition du bien ou du service, tels que la consommation d'énergie, les frais de maintenance, la fin de vie du produit, ainsi que les coûts liés aux externalités environnementales (comme les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, ainsi que les coûts pour atténuer le changement climatique).
Exemples de critère environnemental à intégrer dans l’appel d’offres
- La consommation d'énergie et l'utilisation de ressources renouvelables ;
- Les émissions de CO₂ et autres polluants ;
- La durabilité des matériaux utilisés (recyclabilité, biodégradabilité, etc.) ;
- La gestion des déchets ;
- La réduction des emballages ;
- L'impact sur la biodiversité ;
- L'utilisation de processus de production durables et de technologies propres.
Comment intégrer une exigence environnementale au stade de l’exécution d’un marché public ?
A compter du 22 août 2026, la loi Climat et Résilience impose à tous les acheteurs publics de prévoir des conditions d’exécution intégrant des « considérations relatives à l’environnement » (futur article L. 2112-2, al. 2 du CCP). Pour cela, l’acheteur doit prévoir l’insertion d’au moins une clause environnementale.
A la différence d’un critère environnemental, la clause environnementale est une disposition contractuelle, qui impose des consignes d’exécution au titulaire du marché en matière de protection de l'environnement. Il s’agit d’un engagement que les opérateurs soumissionnaires doivent faire apparaitre dans leur offre et qu’ils doivent bien évidemment respecter, sous peine de pénalités.
La clause environnementale générale
La clause relative aux emballages
La clause relative aux livraisons
Les outils mis à disposition des acheteurs
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