La mission achats en ordre de bataille

  • 17/07/2009
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Pour la mission achats Défense, le temps est venu de passer à l’action. Deux premières politiques (téléphonie et mobilier) ont été présentées au mois de juin. Et une douzaine d’acheteurs « famille » devrait rejoindre l’équipe de Jean Bouverot dans les prochains mois.

Jean BOUVEROTLa mission achats de la Défense a du pain sur la planche. Pour ceux qui l’auraient oublié, l’objectif de la rue Saint-Dominique est de gagner, pour les achats courants, environ 10% sur un périmètre de 4 milliards. Arrivé il y a un an, Jean Bouverot, ancien de la SNCF placé à la tête de la mission (1), commence à y voir plus clair. La première étape, celle de la définition des stratégies, est en passe d’être bouclée. Début juin, deux premiers plans d’action ont été présentés pour le mobilier de bureau et la téléphonie, des segments où le ministre peut faire de sérieuses économies : 25% dans le premier cas, 70% en ce qui concerne les téléphones mobiles, et 10% au sujet des téléphones fixes. La deuxième vague va débuter, celle du déploiement des politiques. Le ministère veut en finir avec la dispersion des contrats et la prolifération des factures. La passation des marchés globalisés sera confiée, petit à petit, à un nombre d’opérateurs restreint et spécialisé. Atomisée jusqu’ici entre plus de 120 donneurs d’ordre, la téléphonie sera par exemple du ressort de la DIRISI (direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information).  « Faire un beau plan ne suffit pas. Il faut maintenant savoir qui fait quoi et comment », avertit  le chef de la mission dont l’équipe est amenée à s’étoffer avec la venue, d’ici septembre 2010, d’une douzaine d’acheteurs « famille », pilotes des politiques d’achat. Est déjà arrivé en renfort le lieutenant-colonel Patrick Bolard, ancien du SID (2). A quoi il faudra ajouter deux personnes chargées de plancher sur un sujet important, celui de l’externalisation ; plus trois personnes pour le chapitre « professionnalisation » des troupes et la création d’une vraie filière achats. Le 3 mars dernier, le ministère a convié à l’Ecole militaire près de 500 acheteurs à l’occasion d’une « convention » pour leur présenter le cadre de la réforme. Une première du genre.

Tout le monde doit se reconnaître dans la stratégie

Gérard GIBOTMais qu’on ne s’y trompe pas. La mission n’a pas l’ambition de tout dévorer devant elle, « même s’il faut un pilote dans l’avion, capable de fixer les objectifs ». Avant tout animateurs et catalyseurs, les acheteurs famille ne tiendront pas le crayon des appels d’offre. « Et leur travail restera collégial,  car il est essentiel que tout le monde se reconnaisse dans la stratégie », martèle Jean Bouverot. Un vrai boulot de communicant. A charge pour eux de définir et de suivre l’application des nouvelles orientations et l’utilisation des outils ad hoc, comme la matrice de maturité (3). Si son périmètre est cantonné, peu ou prou, aux achats courants et métiers, hors programme d’armement, la mission est prête à apporter son aide, comme par exemple sur le maintien en conditions opérationnelles (MCO) du matériel militaire. « La clef du succès, c’est de parvenir à faire travailler les gens ensemble, poursuit Jean Bouverot, l’achat n’est pas une matière technique. On peut s’y former en quelques années. La force d’un projet comme le nôtre, c’est sa capacité à faire travailler ensemble acheteurs, prescripteurs et utilisateurs ». Même si l’effort  s’inscrit dans la durée, le ministère veut des résultats visibles et rapides. Jean Bouverot mise donc sur des projets emblématiques et exemplaires, les « gains rapides » (4), pour lesquels sont espérés 16 millions d’euros de gains annuels, alors que la RGPP espérait un peu plus de 5 millions. « Ce n’est pas du virtuel, ce sont des projets concrets. Et cela va motiver les équipes et donner de l’énergie au mouvement. Le tout en dialoguant. Il faut sortir des clichés, nous ne sommes pas que des cost killer.» Au Secrétariat général de l’administration (SGA) qui chapeaute la mission, on est confiant. « La réforme amorcée avance bien », estime l’adjoint du grand patron, Gérard Gibot, lui aussi un ancien de la SNCF. Reste à savoir quelle sera la valeur ajoutée de la mission face à l’essor du service des achats de l’Etat (SAE). Jean Bouverot ne se fait pas trop de soucis : il faudra bien quelqu’un pour relayer la stratégie interministérielle, la mettre en œuvre, et faire remonter les infos quant à la bonne exécution des marchés.

(1) Jean Bouverot, nouvelle locomotive des achats de la Défense

(2) Patrick Bolard, portrait d’un acheteur « famille »

(3)Les acheteurs de la Défense s’auto-évaluent

(4)« Gains rapides » : aller droit au but