Trophées de la Commande Publique : et après ? (3/3)

Deux pour une seule marche de podium ? Ou carrément huit ? L’an dernier, ça se bousculait au portillon, car parmi tous les acheteurs que nous avons interviewés aucun n’a voulu tirer la couverture à lui. Bien au contraire, tous ont mis en avant un travail conduit en mode projet quand d’autres saluaient la qualité du partenariat qu’ils ont pu nouer avec leurs prestataires. Mais du côté des centrales d’achat, c’est la co-construction qui dominait, au point qu’en 2024 le Resah aurait pu couper son trophée en deux, et UniHA carrément en huit !

Rassurez-vous, à achatpublic.info nous n’avons pas eu besoin l’an dernier de sortir la tronçonneuse pour couper en deux le trophée remis au Resah et en huit celui remporté par UniHA. Tous ont donc reçu chacun le leur, récompensés dans la catégorie “politique achat responsable” pour le Resah et le CHRU de Nancy (relire "[TCP 2024 – Les lauréats] La matrice "RSE" du CHRU de Nancy et du RESAH primée"), quand UniHA décrochait le trophée “Achat exemplaire” dans la catégorie fonction publique hospitalière pour un contrat coconstruit avec l’ensemble des ingénieurs hospitaliers des hôpitaux de Bordeaux, Grenoble, Lille, Nice, Grasse, Artois et Libourne participant au groupe expert qui élabore la stratégie achat de chacun de ses marchés publics (relire "[TCP 2024 - Les Lauréats] UniHA - Hôpitaux : et la lumière fut !").
Autant vous dire que les deux centrales d’achat ont mis toutes les chances de leurs côtés pour recevoir des trophées élaborés avec des acheteurs pour les acheteurs.

Commençons par le Resah et le CHRU de Nancy : était-ce vraiment une surprise de les voir décrocher le trophée “politique achat responsable” puisqu’aussi bien le Resah que le CHRU nancéien sont labellisés RFAR, Relations Fournisseurs et Achats Responsables ? Pour nous en assurer, nous avons échangé avec Franck Perrin, responsable des achats médicaux du CHRU de Nancy et du GHT Sud Lorraine, ainsi qu’avec Catherine Bersani, directrice des projets d’achats transverses au Resah. « Nous avons voulu concourir car dans le cadre du développement de l’achat responsable nous avons construit une méthodologie pour l’analyse des risques sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au cours d’une procédure d’achat, détaille Catherine Bersani, et nous voulions faire connaître un outil que l’on pouvait partager dans le milieu hospitalier, puisqu’en l’occurrence c’est avec eux que nous avons travaillé le sujet, mais le partager également dans les autres fonctions publiques, d’ailleurs cet outil peut être téléchargé gratuitement sur notre site… ».
 

Pour une meilleure évaluation des besoins

 

Du côté d’UniHA, nous avons voulu également savoir pourquoi sont-ils partis à la chasse au trophée. « Nous nous sommes pleinement saisis des enjeux de durabilité des achats hospitaliers, nous dit-on à Lyon du côté du boulevard Marius Merle par la voix de Stéphanie Da Costa, directrice de la communication et des partenariats, à ce titre, notre marché solution éclairage est un projet exemplaire d’efficacité énergétique qui combine performance technique et financière. Les possibilités de financement sont en effet déterminantes pour les établissements de santé dans leur capacité à engager une transition. Il nous semblait également important de témoigner qu'un tel projet peut se déployer dans le cadre d'un marché public ».

Quel meilleur moyen, alors, de valider l’intérêt de cette solution d’éclairage qu’une co-construction ? « Comme vous l’avez relevé, notre contrat l’a été avec l’ensemble des ingénieurs des hôpitaux de Bordeaux, Grenoble, Lille, Nice, Grasse, Artois et Libourne participant au groupe expert qui élabore la stratégie achat de chacun de nos marchés publics, confirme Stéphanie Da Costa, cela nous a permis d’évaluer les zones de l'hôpital les plus impactantes mais également la qualité de matériel attendu. Sur le volet financier, la Banque des Territoires a aussi permis de co-construire la solution en particulier pour ce qui concerne le contrôle des économies d’énergie ».
 

Des trophées pour faire connaître et partager

 
Au CHRU de Nancy on s’est également interrogé sur le meilleur moyen de coller à la réalité du terrain. « Comment aider nos collègues acheteurs, s’interrogeait Franck Perrin ? En faisant connaître un outil qui va leur faciliter le travail pour créer des clauses, pour comprendre comment le développement durable s’intègre avec la commande publique ». Les Trophées auraient donc un effet amplificateur ? « C’est sûr, abonde-t-il en riant, mais encore fallait-il gagner ! ».

La collaboration entre le Resah et le CHRU de Nancy ne date pas d’hier, comme le soulignent tout à la fois Catherine Bersani et Franck Perrin : « Depuis 2012, disent-ils, et plus spécifiquement sur les achats responsables depuis 2021 ». D’ailleurs, depuis sa mise en service, leur solution RSE a été enrichie en permanence. Du coup, pas étonnant que le trophée leur ait permis d’enregistrer de nombreux retours : « Grâce à l’exposition dont nous avons bénéficié nous avons reçu pas mal de demandes de présentation de l’outil par des administrations et des collectivités », confie Catherine Bersani, alors qu’à Nancy Franck Perrin convient qu’il n’a pas reçu de demandes particulièrement techniques sur l’outil en tant que tel : « Mais nous avons été approchés par des collègues qui voulaient en savoir plus d’un point de vue global sur notre démarche d’achat responsable, mais en même temps nous avions une actualité très riche entre le label, un Spaser, etc, plus les trophées, alors… ».
 

Un an après, ils sont toujours questionnés

 

Si Franck Perrin donne dans la modestie, il doit bien reconnaître que bientôt un an après l’édition 2024, on continue de le questionner : « Nous avons encore aujourd’hui des gens qui prennent contact avec nous, et notamment dans le cadre d’échanges sur les bonnes pratiques nos interlocuteurs reconnaissent les apports de notre outil dans leur démarche achat responsable ».

Même son de cloche ou presque du côté du Resah : « Nous avons eu des retours de la part d’autres acheteurs que les hospitaliers, explique Catherine Bersani ; mais chez nous, c’est assez fréquent, on peut assez facilement échanger avec la DAE, avec le ministère des Armées ou avec d’autres opérateurs publics, et quand nous allons faire des présentations au Conseil National des Achats, par exemple, c’est clair que ce n’est pas uniquement l’univers hospitalier, et c’est ça qui est enrichissant aussi ».

L’un des intérêts des Trophées de la Commande Publique, c’est qu’ils permettent ensuite des échanges entre les acheteurs des différentes fonctions publiques

En fait, tous deux en conviennent, l’un des intérêts des Trophées de la Commande Publique c’est qu’ils permettent ensuite des échanges entre les acheteurs des différentes fonctions publiques : « Même sur Nancy, nous avons été contactés par le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, confieFranck Perrin, nous aussi, voyez-vous, comme le Resah, nous sommes approchés par des acheteurs qui ne viennent pas que de l’univers hospitalier »…
Chez UniHA également, le trophée décroché l’an dernier a boosté la solution récompensée : « Nous avons lancé notre troisième contrat de solution d'éclairage pour laquelle 42 établissements de santé adhérents d'UniHA ont souhaité s’engager pour un total de 10 M€, confie Stéphanie Da Costa, et des établissements ayant participé au premier contrat se saisissent de cette opportunité pour continuer à rénover leurs éclairages ».

Notre enquête sur les Trophées 2024 est maintenant terminée. Trois volets ont été nécessaires pour tout savoir des motivations, des méthodes de travail et des retombées dont ont bénéficié les lauréats l’an dernier.
Trois volets… Et si vous ouvriez le quatrième ?